Dans la région de Kolda, 38, 5% des filles sont excisés. Un des taux les plus élevés du Sénégal. Dans cette même région, prévalent plusieurs autres pratiques néfastes en relation avec le genre. La prévalence accrue de ces formes de violences basées sur le genre est aussi favorisée par la position géographique de cette localité frontalière à 3 pays (Gambie, Guinée Conakry et Guinée-Bissau). Une position carrefour qui induit un mouvement incontrôlé des personnes de part et d’autre des limites territoriales. Le Projet d’accélération de la prévention et de l’élimination des Violences basées sur le genre, et de la promotion de la santé de la reproduction au Sénégal et en Gambie (Ape-Vbg/Sr) est né pour tenter de contrer ces formes de violation des droits de l’Homme en général, ceux des enfants en particulier, au sein des communautés villageoises qui vivent le long des frontières entre ces 2 pays, précisément du côté du département de Vélingara (Sénégal).

Grandmother project-changement par la culture, qui collabore avec l’Unfpa dans ce projet, a clôturé, dimanche passé, 3 jours de renforcement de capacités d’une soixantaine de grands-mères leaders, de chefs de ménage, de religieux, de femmes en âge de procréation, de jeunes filles et garçons leaders, ainsi que des jeunes à mobilité réduite venus de 6 villages des communes de Kandia et Némataba. L’objectif de la session, selon Mamadou Coulibaly, Directeur national de Gmp-changement par la culture, est de : «Favoriser la réflexion afin que les leaders communautaires des zones transfrontalières deviennent des acteurs de changement et de concertation pour le développement harmonieux des enfants et des jeunes.» Pour ce faire, les participants à l’atelier ont identifié les différentes pratiques néfastes et Vbg que subissent les enfants et les ados (filles et garçons) habitant le long de la frontière entre le département de Vélingara et la région administrative de Bassé en Gambie. Ces pratiques néfastes ont pour noms : excision, violences sexuelles, abandon scolaire, défaut d’actes de naissance, mariages forcés et/ou précoces, normes sociales discriminatoires en défaveur des filles, etc. Il est ressorti de l’atelier que des filles sénégalaises traversent les frontières pour se faire exciser ou donner en mariage forcé en Gambie. Et que des enfants se font transporter, très souvent, entre les 2 pays, les empêchant d’avoir un acte d’état civil ou d’avoir une scolarité stable. Des pratiques qui, selon M. Coulibaly, ne contribuent point au développement holistique de l’enfant, des filles surtout.
Au courant de ces 3 jours, les partenaires communautaires de Gmp-changement par la culture se sont familiarisés avec les notions de prévention, d’alerte, de genre, de violences basées sur le genre, de droits de l’Homme, de santé de la reproduction, de valeurs, du rôle de la famille pour la protection des droits et la promotion de la santé sexuelle et reproductive. Et puis, les représentants des villages de Saré Elhadji Sory, Lambatara, Saré Moussa (commune de Kandia), de Wéliya Siby, Saré Sankoulé et Amadara (Némataba) ont proposé des actions à mener pour mieux contrer ces phénomènes au niveau des frontières.

Mme Adama Diang Sow, première adjointe au maire de Kandia, a noté que le mouvement des femmes et filles sénégalaises vers la Gambie est une réalité. Elle en donne des cas : «L’excision est une pratique néfaste qui est toujours pratiquée. Les filles sont emmenées en Gambie pour être excisées. Des femmes en état de grossesse se déplacent aussi vers la Gambie, toute proche, pour les consultations prénatales et même pour y accoucher, minimisant les possibilités de trouver un acte d’état civil à temps. Il paraît que les frais médicaux y sont moins chers.» Et puis de se féliciter de la naissance d’un projet qui va les aider certainement à lutter efficacement pour mettre fin à toutes les violences basées sur le genre et à protéger la femme et la fille. Des réalités qui invitent à une réponse communautaire des 2 pays. D’ailleurs, il est prévu de mener les activités de renforcement de capacités des populations gambiennes frontalières au département de Vélingara.

A rappeler que ce projet de l’Unfpa doit durer 36 mois et va être mis en œuvre dans les régions de Kolda, Sédhiou, Tambacounda et Ziguinchor, qui ont toutes une frontière commune avec le pays du Président Adama Barrow.
Par Abdoulaye KAMARA – akamara@lequotidien.sn