#Vélingara – Fermeture des frontières Sénégal-Mali : 23 jeunes maliens dans la galère

23 camions chargés de marchandises, en provenance du Port de Banjul, sont garés dans le village de Badiara, situé dans le département de Vélingara, à un jet de pierre de la frontière entre le Sénégal et la Gambie. Ils sont là depuis le 9 janvier 2022, début des sanctions de la Cedeao contre le pouvoir putschiste du pays de Alpha Oumar Konaré. Les chauffeurs sont rentrés au Mali, laissant les camions à la garde de leurs apprentis, des jeunes d’une moyenne d’âge de 20 ans qui souffrent le martyre.Par Abdoulaye KAMARA(Correspondant)
– Badiara, village du département de Vélingara qui abrite les postes de police et de Douanes du Sénégal, à un jet de pierre de la frontière avec la Gambie. Lundi, tandis que le Sénégal est en pleine fête de célébration de son Indépendance, 23 jeunes de nationalité malienne en territoire sénégalais n’ont pas la tête à la fête. Il s’agit de jeunes d’une moyenne d’âge de 20 ans, apprentis-chauffeurs d’autant de camions de transport de marchandises en transit prolongé dans cette localité depuis bientôt 3 mois. Nouhoum Diallo, originaire de la région de Sikasso au Mali, relate : «Nous sommes là, pour certains, depuis le 9 janvier 2022, d’autres le lendemain 10 janvier, coïncidant avec le début des sanctions de la Cedeao contre notre pays. Nous avions transporté de la marchandise du Port de Banjul pour le Mali. La mesure de rupture diplomatique entre les pays de la Cedeao et notre pays nous a surpris en cours de route. C’est pourquoi nous sommes là depuis cette date. Nos maîtres-chauffeurs sont rentrés quelques jours après, laissant chacun un apprenti sur place pour la garde du véhicule et de la marchandise.» A chaque jour suffit sa peine pour ces jeunes qui baragouinent le français et ne parlent pas un traître mot pullaar, la langue exclusivement parlée à Badiara. Nouhoum Diallo : «Nous nous cotisons pour préparer à manger. Nous achetons les condiments dans le village gambien de Sabi. Nous nous reposons et passons la nuit sous les camions. Le principal problème qui nous torture est le manque d’eau et la faiblesse du réseau téléphonique cellulaire. Pour converser avec nos parents, il faut attendre la nuit vers 23 heures. L’eau n’est disponible dans les robinets que pendant 1 à 2 heures de temps dans la journée. Les puits sont profonds et ne satisfont pas les besoins en eau des autochtones. Nous ne nous lavons que rarement, malgré la chaleur ambiante. La boisson et la cuisine sont nos priorités.»
Pour l’instant, aucune crainte pour la conservation de la marchandise. Nouhoum Diallo : «Il s’agit essentiellement de la friperie, de tissus, de motocyclettes et ventilateurs. C’est l’hivernage tout proche qui nous inquiète. L’étanchéité des bâches n’est pas si rassurante que ça, pour mettre ce matériel à labri de la pluie.» C’est peu dire que la bande à Nouhoum Diallo prie que ces sanctions contre leur pays soient levées avant la tombée des premières gouttes de pluie dans la zone. Samba Sy, habitant le village de Badiara, explique pourquoi il y a un problème d’accès à l’eau dans ce patelin d’une quinzaine de concessions. Il dit : «Les puits ont une profondeur de près de 50 mètres. Nous avons un mini-forage qui fonctionne au solaire. Les panneaux sont faibles et se déchargent rapidement. Nous avons de l’eau quand le soleil est à son pic, vers 13 heures et 14 heures.» Ce n’est pas le seul problème de Badiara. Le réseau de téléphonie cellulaire est faible. Il faut errer dans plusieurs endroits pour pouvoir communiquer avec l’extérieur ou attendre tard la nuit. Ce n’est pas tout. Malgré la présence d’agents de l’Etat (police, douane, enseignants), les habitants n’ont pas accès à l’électricité. Ils vivent dans une insécurité permanente.
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