La fin de cette année 2025 va coïncider avec la clôture des activités du Projet de lutte contre la migration précoce des enfants qu’Enda jeunesse action (Eja), en collaboration avec Caritas et la Coopération allemande, déroule dans les communes de Paroumba et Wassadou, toutes frontalières à la Guinée-Bissau, à la Guinée Conakry et à Némataba et Kandia, à la frontière gambienne. Le village de Diaricounda (commune de Paroumba) a abrité, samedi dernier, un forum qui a réuni les acteurs communautaires dudit projet pour présenter les acquis, relever les faiblesses et tracer des perspectives.
Par Abdoulaye KAMARA – C’est avec un pincement au cœur que les communautés des villages frontaliers à la Guinée-Bissau et à la Guinée Conakry des communes de Paroumba et Wassadou ont appris que les agents d’Enda Jeunesse action (Eja), avec lesquels elles collaborent depuis 2023, vont quitter leurs localités à la fin de cette année 2025. Elles ont extériorisé ce ressenti lors d’un forum organisé, samedi passé, dans le village de Diaricounda (commune de Paroumba). Le but du forum était de «présenter les résultats du Projet de lutte contre la migration précoce des enfants, en relever les faiblesses et, surtout, chercher les stratégies de pérennisation des acquis et des activités de ce projet qui finit à la fin de cette année», a déclaré Mme Adjaratou Bâ Diallo, responsable équipes de Eja Tambacounda et Vélingara.
En marge du forum, Chérif Diao, chargé de projets à Eja Vélingara, a rappelé les activités qu’ils ont eu à dérouler sur le terrain. «Nous avons mis en place un cadre transfrontalier (Sénégal, Guinée-Bissau et Guinée Conakry), des coalitions d’acteurs pour la protection des enfants au niveau des villages, trouvé des familles d’accueil et installé un centre d’accueil à Diaobé. Toutes ces initiatives cherchent à identifier les enfants en mouvement à travers les frontières, les prendre en charge et les référer au niveau des familles d’accueil ou du centre d’accueil.» Ce n’est pas tout. Il ajoute : «Les acteurs communautaires ont été formés à la détection des enfants en mobilité risquée, aux droits des enfants, et sensibilisés sur les risques liés à la migration précoce, surtout celle des talibés en compagnie ou non de leurs maîtres coraniques. Des jeunes ont bénéficié de financements pour démarrer des activités génératrices de revenus dans l’aviculture, le maraîchage, l’agriculture et les petits métiers. Le but est de les maintenir dans leurs villages.» Ce sont toutes ces activités qui ont séduit les populations bénéficiaires de ces 2 communes du fait des résultats engendrés. Doulo Baldé, Conseiller municipal à Paroumba, a dit : «Enda nous a ouvert les yeux en matière de protection des enfants. Auparavant, nous laissions des marabouts emmener nos enfants avec eux à Dakar ou ailleurs au Sénégal. Certains enfants ne revenaient plus, d’autres reviennent sans avoir maîtrisé le Coran ou deviennent de jeunes délinquants. Avec Enda, nous avons trouvé des stratégies d’enseigner le Coran et l’islam à nos enfants sur place. Les enfants travaillent dans les champs du marabout jusqu’à la récolte.»
Selon Binta Kandé, présidente de Gpf à Diaricounda, «les femmes sont satisfaites d’Enda, qui a empêché nos maris de donner nos enfants à des marabouts. Maintenant, filles et garçons apprennent le Coran à domicile. En même temps, ils fréquentent l’école élémentaire du village et les filles sont sauvées des mariages précoces». Maintenant, quid de la pérennité des acquis d’Eja, après le départ de ses agents ? Doulo Baldé déclare : «Nous avons plaidé pour que le Conseil municipal veuille bien voter un budget sensible à l’enfance. Qu’il y ait un budget pour la protection des droits des enfants, un budget destiné aussi à soutenir les familles d’accueil des enfants en détresse.»
Souleymane Baldé, un jeune du village de Diaricounda : «Il faut que l’on continue les causeries pour discuter des droits des enfants et des stratégies à mettre en œuvre pour les performances scolaires et le maintien des filles à l’école. Il faut aussi continuer la collaboration avec les Bissau-Guinéens pour réduire davantage la mobilité des enfants à travers les frontières.» Kadidiatou Diallo du village de Nianao, commune de Wassadou : «Nous avons recruté un marabout qui est payé mensuellement par les parents qui donnent 1000F par enfant. Cela marche bien. Nos enfants ne quittent plus le village pour étudier le Coran ailleurs. C’est un modèle à pérenniser.»
akamara@lequotidien.sn







