Les délégués des quartiers Sinthiang Houlata, Nasroulahi et Samba 15 Ans de Vélingara procèdent au recensement des ressortissants de la Gambie qui ont trouvé refuge dans cette ville frontalière à ce pays au nord du département. Au total, une trentaine de familles se sont réfugiées dans ces 3 quartiers pour près de 250 individus qui peinent à être hébergés correctement. Des refugiés constitués essentiellement de femmes et d’enfants.

Mamadou Saliou Diallo, trouvé au quartier Nasroulahi, est l’un des rares chefs qui est revenu avec sa famille auprès des siens avec une épouse et 4 enfants. Il raconte avec un brin de regret : «J’ai dû laisser toutes activités de petit commerce de viande grillée pour venir ici. Ce sont mes économies qui me feront vivre, puisque je ne peux pas laisser la charge de ma famille à mon frère qui en a suffisamment à nourrir. Pour combien de temps pourrai-je supporter toutes ces charges ? Nous souhaitons que la situation soit résolue très rapidement, sinon…» Et puis de s’interrompre, un brin fataliste, il ajoute : «Dieu dans sa magnanimité soutient toujours sa créature.»
Le gros des 63 familles de réfugiés sont constituées de femmes et d’enfants dont le chef est «resté là-bas pour surveiller le magasin, la boutique ou la maison contre toute éventualité malheureuse ou pour continuer à trouver de quoi envoyer à la famille expatriée de force», a dit Mariama Kesso qui a autour d’elle ses 11 enfants et nièces. Dans cette famille d’accueil sise au quartier Nasroulahi, c’est le dortoir qui pose le plus problème. Elle renseigne : «Vous voyez que tout ce monde ne peut pas trouver un lit dans cette maison. Nous sommes obligés de nous coucher à même le sol sur la largeur du matelas et laisser les garçons passer la nuit dans des maisons voisines.»
S. Touré est une femme qui vit dans une maison en location dans le quartier Samba 15 Ans. Sa maman qui vivait dans le quartier Germany de Serrekunda est venue avec deux de ses belles-filles et une dizaine d’enfants. Elle déclare : «Le manger ne pose pas problème. Mes frères sont à l’extérieur et nous ont envoyé de l’argent. Seulement, on est obligé d’être dans une situation de promiscuité dangereuse pour notre santé. A quatre ou cinq sur un matelas à même le sol.»
Pour le moment, renseigne un délégué de quartier, «la solidarité est active sur les plans de recherche de chambre à coucher et même de nourriture. Mais pourvu que ça ne dure pas longtemps, car ce sont des familles aux revenus faibles qui les ont accueillis.»

Baisse du flux de réfugiés
Faut-il les appeler fugitifs ou réfugiés ? Les véhicules de transport en commun ont pres­que fini d’évacuer vers le Sénégal les ressortissants gambiens qui ne veulent pas prendre de risque en restant dans ce pays à trois jours de la fin du mandat du Président sortant Yahya Jam­meh. Diouldé Bâ, chauffeur trouvé à la gare routière de Vé­lin­gara, baptisée «Garage Bas­sé», du nom d’une ville gambienne distante de 22 km, dit : «Ce lundi, seuls 2 cars ont descendu des fugitifs de la Gambie. Ce sont des fugitifs et non des réfugiés puisqu’ils sont pour la plupart originaires du Sénégal. Les jours passés, nous enregistrions au moins 6 véhicules chargés essentiellement de fugitifs. C’est dire qu’au fur et à mesure que la date fatidique du 19 janvier approche, le flux baisse.»
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