Grand-mother project (Gmp-changement par la culture) intervient jusque-là dans le seul département de Vélingara, au Sud du Sénégal. Cette Ong s’est fait une religion d’impliquer, dans toutes ses activités de promotion et de défense des droits des enfants, des jeunes filles surtout, les personnes âgées, les grands-mères en particulier, détentrices des savoirs anciens, qui plus est sont influentes dans les processus de prise de décision au sein des familles. Les succès obtenus dans ses zones d’intervention ont autorisé l’Ong à vouloir partager son expérience avec les structures et services techniques qui travaillent avec les communautés. Ceux du département de Tambacounda ont été conviés, 5 jours durant, à visiter ses partenaires locaux et s’imprégner de son modus operandi. C’est le fruit d’une collaboration entre Gmp-changement par la culture et l’ambassade des Pays-Bas.Par Abdoulaye KAMARA – 

15 organisations et services techniques de Tambacounda, travaillant avec le Comité départemental de protection de l’enfant (Cdpe), étaient à Vélingara du 19 au 23 décembre pour prendre des informations et réfléchir sur l’approche Grand-mother project (Gmp-changement par la culture) de transformation des normes sociales, pratiques et comportements par la prise en compte des cultures locales dans ses stratégies de promotion et de défense des droits des adolescents et des filles en particulier. Pendant 5 jours, les agents de développement desdits services et organisations ont rencontré les communautés partenaires, ont participé à des séances de dialogue communautaire, de dialogue intergénérationnel, de jeux pédagogiques, de récits d’histoires sans fin, d’exhibition d’images ; le tout le plus souvent fait sous l’arbre à palabre, avec comme acteurs principaux, des aînés, des grands-mères en grand nombre, des jeunes, des adultes des 2 sexes, des leaders religieux, des enseignants, etc. Les discussions tournaient autour des questions liées au développement holistique des filles surtout. C’est ainsi que des sujets sur l’excision, les grossesses non désirées, les mariages d’enfants et l’abandon scolaire des adolescents sont abordés. En impliquant tout ce monde, avec une écoute attentive et attentionnée sur l’avis final des aînés, les grands-mères en première ligne.

Judi Aubel, directrice de cette organisation, explique : «Nous avons reçu un financement de l’ambassade des Pays-Bas pour organiser des ateliers de formation sur notre approche avec des organisations locales des régions de Tambacounda, Kédougou, Kolda, Sédhiou et Ziguinchor travaillant avec les communautés pour un changement de normes et pratiques. L’objectif de l’atelier est donc de susciter la réflexion des participants sur les valeurs et rôles culturels à prendre en compte dans les stratégies de promotion des droits et bien-être des adolescents afin de promouvoir des changements dans les normes et pratiques qui les concernent. Nous avons commencé par Tambacounda, les autres localités vont suivre.» Donnant ainsi plus de chance d’être acceptées, d’atteindre les objectifs assignés.

Dans cette approche, les grands-mères sont valorisées, impliquées de manière active, aux côtés d’autres acteurs, pour leur savoir et leur influence dans le processus de prise de décision au sein des familles. Pour démarrer, les hôtes de Gmp-changement par la culture ont eu droit à des discussions sur la culture, le rôle des aînés, les grands-mères surtout, dans les familles et dans la communauté, les caractéristiques des sociétés collectivistes, quels types de communication adopter, comment collaborer avec les leaders communautaires.
Au terme de 5 jours d’immersion dans les communautés peules des quartiers Hafia et Château-d’eau de Vélingara, Sadio Koïta, agent de protection des enfants à l’Ong Ofad-nafoore à Tambacounda, a apprécié la démarche. Il dit : «Notre approche de promotion des droits des enfants est différente de ce que j’ai vu ici. Gmp-changement par la culture préconise l’implication de l’ensemble des acteurs communautaires, jeunes, adultes, aînés, hommes et femmes, avec une attention particulière sur les grands-mères dont l’implication est accompagnée par un renforcement de capacités. Et mieux, avec Gmp-changement par la culture, l’avis des grands-mères est pris en compte. Ce n’est pas forcément le cas chez nous.»

Gérard Diamacoune, chef du Service départemental de la jeunesse de Tambacounda, directeur du Cdeps, a également été séduit par le mode opératoire de Gmp-changement par la culture. Il révèle : «Nous avons au Cdeps formé des clubs d’éducation au civisme et à la citoyenneté. Dans les causeries et «thé-débat» pour un changement de comportement, nous invitons des jeunes uniquement, considérant que c’est une affaire de jeunes. C’est une méprise. Nous allons rectifier, pour profiter et faire profiter aux jeunes, des vastes connaissances et expériences des aînés afin d’impulser un changement de normes et comportements, tel que souhaité et recommandé dans nos missions. Cet atelier va nous permettre d’améliorer nos interventions au sein comme en dehors du Cdeps.»
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