Le programme d’appui à l’état civil a terminé, mardi passé, 2 jours de formation à l’intention d’une trentaine de relais communautaires pour sensibiliser, orienter et gérer les faits d’état civil dans des localités des régions de Ziguinchor, Sédhiou et Kolda. Cette formation entre dans le cadre de la 2ème édition de l’organisation de la Semaine nationale de l’état civil.Par Abdoulaye KAMARA(Correspondant) –

La région méridionale du pays (Casamance) porte le bonnet d’âne du taux de déclaration aux faits d’état civil. Les déclarations de naissance, de mariage et de décès ne sont pas des automatismes dans bien de ménages des départements de Bignona, Sédhiou, Kolda et Vélingara. Pour tous ces différents documents, le taux de déclaration est en dessous de la moyenne nationale et oscille autour de 30% à Kolda. C’est pourquoi, profitant de la Semaine nationale de l’état civil en cours, le Programme d’appui à l’état civil (Paec) a prévu, pour ce qui concerne les localités citées plus haut, de «former des relais communautaires qui seront chargés de porter la bonne parole dans les foyers pour un changement de comportement vis-à-vis de l’enregistrement à l’état civil, qui doit être un réflexe naturel au vu de son importance pour la vie du citoyen», a d’emblée fait savoir Ibrahima Ethia, directeur de la Formation à l’Agence nationale de l’état civil. C’était il y a déjà une semaine, dans un réceptif hôtelier de Vélingara, lors de la cérémonie de clôture de 2 jours de formation à l’intention de journalistes, d’animateurs de radio, d’agents de bureaux d’état civil, de religieux et de «badienu gox». Les participants à cette formation ont reçu des informations relatives aux différents actes d’état civil, leur importance, la problématique de leur enregistrement. Ils ont aussi compris ce qu’est une déclaration tardive et ses implications.

Désormais, ces relais communautaires devront porter le message aux populations, à travers les ondes de leurs radios respectives, à l’occasion d’événements familiaux (mariages, baptêmes) et religieux (gamou, ziars) ou lors de mobilisations sociales et de rencontres intervillageoises initiées pour la cause. Les réseaux sociaux devront également être mis à contribution pour la bonne cause. Les agents des bureaux d’état civil savent désormais à quoi s’en tenir pour la bonne tenue des registres d’état civil, ainsi que pour la transcription correcte des identifiants.

Sécurité et audiences foraines : les problèmes de l’état civil de Vélingara
Le Préfet du département de Vélingara a deux préoccupations liées à l’état civil : il s’agit de la sécurisation des registres d’état civil et de la porosité des frontières, qui expliquent l’organisation, chaque année, des audiences foraines.
Thierno Souleymane Sow a extériorisé ces préoccupations au cours de la cérémonie de clôture de la formation des relais communautaires sur l’état civil. Il a notamment dit : «Oui à la formation et à la sensibilisation, mais il est tout aussi important que l’Etat, les autorités judiciaires et tous les acteurs mettent un accent particulier sur la sécurisation des actes d’état civil. Il est fréquent qu’un citoyen se rende à un centre d’état civil et que l’on ne retrouve pas ses données parce qu’elles ont été échangées ou ont simplement disparu. C’est l’avenir du citoyen qui est en jeu. Des carrières ont été compromises par ce fait très souvent.» On se rappelle que le jeudi 18 mars 2010, des jeunes sportifs mécontents avaient incendié la mairie de Vélingara avec tous ses documents. Cette année-là et les années suivantes, avant la reconstitution des documents d’état civil, des ambitions et projets de jeunes scolaires et candidats à l’émigration ont été reportés sine die. La stabilisation de l’état civil à Vélingara souffre également de sa position géographique. Frontalier à 3 pays (Gambie, Guinée-Bissau et Guinée Conakry), le département doit chaque année organiser des audiences foraines pour donner des extraits de naissance à de jeunes scolaires qui n’en disposent pas. C’est que, selon Omar Ndiaye, adjoint au maire de Vélingara : «Chaque année, nous organisons des audiences foraines en collaboration avec le Tribunal départemental. Il n’empêche que l’année suivante, le besoin est exprimé par les écoles. Ce sont souvent des enfants de migrants venant des pays limitrophes.» Pour le Préfet, la situation de département transfrontalier est un facteur de développement, mais aussi implique des situations compliquées à gérer, avec diplomatie, même dans le cadre de l’état civil. Comme solution, il faudrait que les services techniques déconcentrés au niveau des frontières travaillent en symbiose pour minimiser les problèmes.
A rappeler que dans ce Paec (Programme d’appui à l’état civil), seules les communes de Médina Gounass et Vélingara sont enrôlées dans ce terroir.
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