«Bibliovélo dans les écoles», c’est le nom que l’écrivain, éditeur et enseignant, Idrissa Sow dit Gorkoodio, a donné à son initiative de faire balader les livres contenus dans sa maison d’édition, dans les différentes écoles de la ville de Vélingara pour promouvoir le livre et la lecture chez les apprenants.Par Abdoulaye KAMARA –
Le constat est implacable : les élèves ne lisent plus. Ils abhorrent la lecture. Idrissa Sow dit Gorkoodio est formel là-dessus. Mais ce professeur de Lettres au Collège Chérif Samsidine Aïdara de Vélingara considère que cette réalité est bien corrigible. Depuis la semaine dernière, il met en œuvre sa trouvaille pour promouvoir la lecture et le livre en milieu scolaire. Il explique le concept qu’il a nommé Bibliovélo dans les écoles : «En quittant la maison, où j’ai installé ma maison d’édition, je mets un lot de livres de différents genres sur mon vélo que j’expose dans une école élémentaire ou un collège. Par terre. Les élèves peuvent les consulter sur place ou en emporter un, s’ils veulent poursuivre la lecture moyennant une somme d’argent de 200 francs pour une semaine, les enseignants payent 500 francs pour le prêt d’un livre.» Parmi les livres que Idrissa Sow expose, se trouvent des livres au programme officiel d’enseignement, mais aussi des romans, théâtres, nouvelles et contes qu’il a écrits. Car M. Sow est à la fois enseignant, écrivain et éditeur. Il a récemment créé sa propre maison d’édition dont la marraine est la romancière Aminata Sow Fall. Lundi et mardi étant ses jours de repos, l’auteur de Les petits contes de Maabobo organise des activités innovantes de lecture. «Il s’agit de faire moi-même ou faire faire des lectures à haute voix de contes qui sont expliqués, commentés et la leçon principale du conte discutée et partagée.»
Ce n’est pas tout. Les mercredi et samedi après-midi, M. Sow aménage un coin animation et lecture dans la maison d’édition Aminata Sow Fall, de 15 heures à 18 heures. Une manière pour permettre aux apprenants ou même aux jeunes qui sont hors de l’école d’accéder au livre et d’aimer la lecture. «Dans nos classes, nous nous rendons compte que les enfants ne lisent pas. A mon avis, c’est parce que le livre n’est pas accessible. Les enfants ne voient pas les ouvrages. Quand un enfant ne voit pas un adulte lire, manipuler un objet livre, quand il ne voit pas ses enseignants lire, foncièrement il ne lira pas. Nous nous sommes dit, en tant qu’éditeur et écrivain, au lieu de garder les livres dans la maison d’édition, dans notre librairie, vaut mieux mettre en place un projet qu’on a appelé Bibliovélo. Mettre les livres sur un vélo et les exposer dans les écoles, par terre. Cela va développer le goût de la lecture chez les élèves. Nous sommes arrivés à la conclusion que le coût du livre et l’inaccessibilité visuelle du livre sont les 2 freins à la lecture.» Une initiative qui suscite de la curiosité chez les apprenants et leurs parents et qui, pour l’heure, rencontre l’adhésion des scolaires. Reste à savoir si les autorités politiques locales comprendront qu’ils ont le devoir de soutenir cette trouvaille innovante pour sa pérennisation, pour le bonheur de l’école, car «qui cesse de lire, cesse d’apprendre».
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