#Vélingara – Renforcement du bloc des Soins obstétricaux d’urgences : Les populations mettent la main à la poche

La césarienne est gratuite au Sénégal. Ce qui pose le problème du renouvellement des matériels et produits chirurgicaux pour le bloc des Soins obstétricaux d’urgences (Sou). En prévision d’une rupture certaine de produits dans le bloc Sou de Vélingara, l’Association «Ndenden Ndeenen cellalmen» ou «Ensemble pour la santé pour tous» a organisé une campagne de levée de fonds pour renforcer le bloc en kits sanitaires. Au finish, 7 millions de francs sont mis sur la table par les fils et habitants de la localité basés ici et ailleurs.Par Abdoulaye KAMARA (Correspondant)
– «J’ai 67ans. Mais c’est le combat le plus noble et le plus grand que j’ai gagné dans la vie : mobiliser en un temps court toute cette somme d’argent pour le fonctionnement en continue du bloc des Soins obstétricaux d’urgences (Sou). Pour une maternité sans problème. Pour le respect dû à la femme, pour la dignité de la femme. Je remercie tous ceux qui ont adhéré et soutenu le projet.» Avec fierté et satisfaction dans la voix, le doyen d’âge des membres de l’Association «Ndenden Ndeenen cellalmen» ou Ensemble pour une santé pour tous, Amadou Dièye Sow, intervenait au centre de santé de Vélingara lundi passé à l’occasion de la remise des kits chirurgicaux et d’une somme d’argent collectée à l’occasion du «radiothon» qu’elle a organisé pour renforcer en produits sanitaires le bloc de Soins obstétricaux d’urgences. «En tout, cette association communautaire de base née pendant le pic de la prévalence du coronavirus au Sénégal en 2020, a mobilisé au cours d’une campagne de levée de fonds radiodiffusée, courant mois de mars 2020, la somme de 7 135 565 francs. Une somme exclusivement acquise en s’appuyant sur les ressources locales qui ont fait une contribution volontaire à la hauteur de leurs intentions et moyens», a d’emblée expliquer Mamadou Samba Diao, coordinateur de «Ndeden Ndeenen cellalmen». A sa suite Mamadou Coulibaly détaille l’usage fait du montant collecté : «Nous avons acheté des kits pour une valeur de 2 710 920 francs. Ceci doit couvrir une période de 6 mois. Ce sont des produits périssables. C’est la raison pour laquelle on ne pouvait pas dépenser tout l’argent, tout de suite. Nous avons également acheté 4 climatiseurs pour un montant de 760 200 francs.» Il poursuit : «Nous avons encore 3 036 000 francs entre nos mains pour les besoins exclusifs du bloc Sou.»
Pour expliquer la source de la crainte des autorités sanitaires qui ont sonné l’alerte, Moussa Sibo Mballo, membre de «Ndenden Ndeeneen cellalmen», explique : «Vous savez que les césariennes sont gratuites au Sénégal. Et au bout de 27 césariennes effectuées dès le premier mois de fonctionnement, nous avons reçu une alerte relative à une rupture prochaine des kits. Et comme le bloc Sou a résolu un gros problème dans la prise en charge des urgences sanitaires, nous avons décidé de lever des fonds communautaires pour parer à d’éventuelles ruptures. Toutes les couches ont adhéré. La diaspora aussi.»
La représentante du médecin-chef de région, Mme Reine Marie Coly, a dit toute sa satisfaction de voir des citoyens comprendre que la santé en général est une affaire de tous et que la santé maternelle et néo-natale devrait être la préoccupation de tous.
A rappeler que ce bloc Sou, qui était fermé en 2018, a démarré les opérations chirurgicales en janvier 2021 grâce à un appui de l’Unfpa qui a financé la formation d’un médecin-sou et l’appui technique et matériel assuré par l’Etat. De janvier à cette date, 67 patients sont opérés sans complications ni cas de décès. Pour montrer toute l’utilité de cette infrastructure, le président du comité de développement sanitaire, Matar Diao, a renseigné qu’au courant de l’année 2020, 264 parturientes sont évacuées vers Tambacounda pour y subir un accouchement par césarienne.
L’Association «Ndenden Ndeenen cellalmen» a encore d’autres défis à relever : le centre de santé n’a pas de radiographie, pas de laboratoire, ni de banque de sang. Toutes choses qu’il faudra chercher par la mobilisation communautaire.
akamara@lequotidien.sn