Seuls 52% des produits chimiques utilisés dans l’agriculture dans le département de Vélingara sont homologués. Et ce sont les 48% qui ne le sont pas qui sont les plus accessibles aux producteurs, qui peuvent les trouver dans les marchés, «les loumas», et même dans la rue. C’est le constat fait par le comité de pilotage du projet Thiellal lors d’un atelier de restitution d’une étude diagnostique sur le concept «One health», dans sa composante «problématique de l’utilisation des pesticides et des antibiotiques dans les santés humaine, animale et sur l’environnement». Saïdou Badji, chef du projet, dévoile les constations et réalités du terrain enseignées par les acteurs : «La Sodefitex fournit beaucoup d’intrants chimiques à ses producteurs dont certains sont utilisés pour d’autres spéculations, dans le maraîchage, par exemple ; alors même que le temps de rémanence du produit n’est pas connu ou pas respecté pour la consommation. Ce qui pourrait avoir des conséquences sur la santé des consommateurs. En plus, les eaux de ruissellement charrient ces produits dans les mares pour tuer les populations de poissons, de grenouilles ou de vers de terre comme les lombrics, si utiles dans les champs.»
Pour la santé humaine, «les populations se procurent souvent des antalgiques sans l’avis d’un technicien ou même à la pharmacie, sans ordonnance, ou encore dans la rue sans en mesurer les conséquences néfastes pour leur santé. Ceci, d’ailleurs, provoque une résistance de l’organisme aux antimicrobiens». Ce ne sont pas les seuls maux diagnostiqués par le comité de pilotage du projet Thiellal et qui impactent négativement les santés humaine, animale et de l’environnement dans cette localité. Selon M. Badji : «Il y a les questions liées à l’insalubrité, à la coupe abusive du bois, aux feux de brousse et aux fosses septiques mal faites sans l’avis d’un technicien.»
L’atelier a fait des recommandations sur le plan de l’utilisation des fertilisants et pesticides organiques en lieu et place des produits chimiques, et au cas échéant, demander l’avis d’un expert. Pour l’utilisation des antibiotiques, solliciter préalablement l’avis d’un médecin et communiquer sur des thématiques de promotion de bonnes pratiques agricoles. Le tout pour l’opérationnalité de «One Health».
A rappeler que le projet Thiellal, qui intervient dans les communes de Linkéring, Pa­kour, Paroumba et Was­sadou, toutes dans le département de Vélingara et frontalières soit à la Guinée-Bissau, à la Guinée Conakry ou aux 2 pays, cherche à opérationnaliser le concept «One Health» qui conçoit les santés humaine animale et de l’environnement comme «une seule santé». L’Ong Agro­nomes et vétérinaires sans frontières (Avfs), pour ce qui concerne Thiellal, est en partenariat avec les Ong Casades et Solthis. Le coordonnateur de Avfs pour la Casamance, El Hadji Ndiaye, a présenté Thiellal en ces termes : «Il a une durée de 3 ans (2021-2023) et cherche à créer un environnement favorable à l’action des communautés pour agir sur les déterminants de la santé unique des populations, des animaux et de l’environnement en vue d’une transition agro écologique et d’une meilleure santé.»
Par Abdoulaye KAMARA(Correspondant) – akamara@lequotidien.sn