Vente de migrants en Libye : Des Africains renouent avec les chaînes de l’esclavage

Dans leurs rêves de fouler l’eldorado européen, de jeunes Africains se sont heurtés aux réalités des prisons secrètes libyennes. Ils y ont été torturés, terrorisés et réduits en esclaves en 2017.
L’esclavage au 21ème siècle ? Qui l’aurait cru ? La découverte de cette pratique moyenâgeuse en Libye a sidéré le monde. L’infiltration de la journaliste soudanaise de la Cnn dans le cercle des vendeurs de migrants noirs a transformé les soupçons en preuves. Après le magazine Paris-Match en 2016, l’Organisation internationale pour les migrations (Oim) en avait parlé dans son rapport publié en avril dernier. Des informations qui n’ont suscité aucune réaction. Le 14 novembre, la diffusion de la vidéo de Nima El Bagir provoque l’électrochoc en mettant à nu les manœuvres d’un réseau de passeurs et de milices. Des centaines de jeunes originaires d’Afrique subsaharienne, arrêtés sur le chemin de la migration. Détenus dans plus de 40 centres secrets contrôlés par le Gouvernement d’union nationale. Ces derniers sont vendus entre 400 et 700 dollars. Au lieu de l’oasis convoitée, c’est la torture dans les prisons officieuses.
Instable depuis la chute de Mouammar Kadhafi en 2011, La Libye est depuis quelques années le chemin qui mène à Rome pour beaucoup d’Africains. Mais avec la politique de limitation née des accords de coopération entre l’Italie et la Lybie, le trafic à des fins pécuniaires sur le sol libyen a gagné du terrain.
Dans son rapport publié le 13 décembre dernier, Amnesty international a révélé la disparition de près de 3 000 migrants entre janvier et novembre. L’éclatement de ce phénomène a provoqué une vague de réactions des sportifs, acteurs culturels, organisations et Etats. L’Europe est pointée du doigt, la Libye incriminée, la politique d’emploi des chefs d’Etat africains dénoncée. Depuis Abuja, le Président Macky Sall s’est joint au concert d’indignations. «Ce commerce de la honte qui réveille les démons de l’esclavage est la pire forme de violation des droits humains, une offense à la conscience universelle qui ne doit pas être impunie», a-t-il déploré. Chez nous, les opérations de rapatriement se sont multipliées. Selon Sory Kaba, directeur des Sénégalais de l’extérieur, plus de 12 mille Sénégalais ont été extraits de l’enfer libyen depuis le début de l’année.
Stagiaire