Depuis le début des opérations inédites de déménagement de l’hôpital Aristide Le Dantec, les complaintes se multiplient. Du personnel aux malades, l’on se plaint de la précipitation et du manque de préparation.
Par Bocar SAKHO – Le déménagement de l’hôpital Aristide Le Dantec se fait dans la douleur. Si le processus se poursuit, en dépit des protestations des travailleurs et des professeurs d’université, les couacs sont aussi nombreux. A moins de 48h de la fermeture définitive de ce centre hospitalier universitaire, des directeurs de structures de santé, ciblées pour accueillir des services, sont sur le qui-vive. Certains ne savent pas encore les structures qu’ils vont accueillir. «C’est un pilotage à vue… Je n’ai jamais vu ça», note l’un d’eux contacté par téléphone. Il regrette qu’il n’y ait pas eu une délocalisation graduelle des services pour éviter les dysfonctionnements en cours. Même s’il est difficile de faire face au vide que la fermeture provisoire de l’hôpital Le Dantec va laisser.
Aujourd’hui, le ministère de la Santé et de l’action sociale est lancé dans une course contre la montre. Il fait face à une forte pression du personnel et des malades. Pour l’instant, les uns et les autres sont plongés dans l’incertitude et attendent plus de réponses. Certains ont eu du mal à comprendre «la stratégie» des autorités qui sont restées aphones sur le déroulement de l’opération, «jusqu’à ce qu’elles soient poussées par les syndicalistes à sortir de leur silence obstiné. On leur a suggéré de faire un point de presse, de partager les détails du schéma du déménagement. Mais, elles n’ont rien voulu savoir et elles sont rattrapées par la réalité. Il faut juste éteindre l’incendie», informe un agent de santé abasourdi par autant de «légèretés». Or la décision de fermeture de l’hôpital a été annoncée lors du Conseil des ministres du 21 avril dernier.
Au milieu du vacarme, la ministre de la Santé a rencontré la Commission médicale d’établissement (Cme) de l’hôpital ce jeudi, pour lui donner les détails du plan de déménagement et les différentes structures sanitaires d’accueil retenues. Membres du Conseil d’administration de l’hôpital Aristide Le Dantec, l’Union nationale des consommateurs et Sos Consommateurs soutiennent n’avoir «assisté à une réunion du Conseil d’administration où la délocalisation a été invoquée de manière précise». Face à la situation actuelle, l’Uncs, qui soutient que «la délocalisation du personnel, du plateau médico-technique et des patients va entraîner inéluctablement une mise en danger de la vie de milliers de patients», demande «la mise en place d’un comité de suivi» dans lequel ses membres seront présents pour s’assurer de l’orientation effective des malades dans d’autres structures sanitaires, du suivi du traitement de tous les malades en cours de traitement à l’hôpital.
Si la radiothérapie de l’hôpital Aristide Le Dantec sera transférée au nouvel hôpital Cheikhoul Khadim de Touba, Dalal Jamm va accueillir l’onco-pédiatrie, la cardiologie, la dermatologie, l’ophtalmologie, la chirurgie générale, une partie des laboratoires. Le service d’urologie sera délocalisé au Centre de Ngor, la maternité à l’Hôpital pour enfants de Diamniadio et au Centre de santé Dominique de Pikine et la chirurgie infantile à l’hôpital Abass Ndao. Alors que les hémodialysés doivent être transférés au Hangar des pèlerins de l’aéroport militaire de Dakar-Yoff. Et on est loin du compte.
Il faut savoir que la durée maximale prévue pour les travaux de reconstruction est de 20 mois et le coût, de 60 milliards F Cfa. Ce budget prend essentiellement en compte les coûts de la reconstruction, l’acquisition des équipements, le suivi et l’évaluation des travaux. A terme, Dantec, qui sera de niveau 4, devrait avoir une capacité de 600 lits et 24 salles d’opération.
bsakho@lequotidien.sn
Les autorités ont bien planifié le déménagement.
Dantec ne laisse personne en rade, seuls les pleurnichards occupent les ondes au lieu de tendre résolument vers le progrès.