L’espace Aliana, récemment inauguré, a accueilli vendredi dernier le vernissage de l’exposition «Green citizen». A travers elle, l’artiste Idrissa Mbengue traite de la problématique de l’environnement. Il montre non seulement dans ses 36 tableaux peints à l’aide de couteau que l’homme agresse l’environnement, mais surtout il montre la voie à prendre pour sa meilleure gestion. L’exposition se tient jusqu’au 28 août prochain.
La problématique de l’environnement a été revisitée hier à travers le vernissage de l’exposition Green citizen art. «Green», le vert qui symbolise l’environnement, «citizen» comme la citoyenneté au service de l’art. C’est ce que renferme l’intitulé de cette exposition qui comptait 36 tableaux. Ces derniers qui occupent les deux salles de l’étage de l’espace Aliana et son couloir évoquent des sujets différents, mais qui renvoient tous à l’environnement. L’artiste aborde en effet la thématique de la couche d’ozone qui est la cause du réchauffement climatique, de l’érosion côtière, de l’urbanisme anarchique sur Dakar, où il n’y a plus d’espace où peuvent jouer les enfants… Le jeune artiste Idrissa Mbengue évoque tout cela dans ces tableaux. Ces œuvres informent et sensibilisent aussi sur la sècheresse, la dégradation des sols, la faune et la flore, la déforestation, la pêche artisanale, la mortalité infantile et néonatale, les catastrophes industrielles illustrées par l’accident de 1992 qui a eu lieu à la Sonacos, entre autres.
La technique du couteau
A côté de toutes ces œuvres qui délivrent des messages sur l’environnement, il y a celles qui offrent des solutions sur lesquelles on doit s’appuyer pour sa meilleure gestion. Toutes ces toiles peintes en rouge, marron, beige, blanc, noir, bleu et vert ont été réalisées à l’aide de la peinture acrylique et un couteau. Une technique qui n’est pas facile. «La technique du couteau est très difficile, mais il faut de l’expérience et de la patience pour faire cela. Parce que ça demande beaucoup de précision et de détails. S’agissant des couleurs, ce sont celles de l’Afrique, des couleurs que j’aime et que mon idole, Kalidou Kassé, utilse parfois», soutient Idrissa Mbengue, le jeune artiste sorti de Taggat (l’école de son mentor Kalidou Kassé).
Il explique également le choix porté sur la thématique de l’environnement. «Quand vous voyez l’histoire de l’art, l’environnement a toujours été une source d’inspiration. Egalement, j’ai remarqué que nous les êtres humains, nous sommes en train d’agresser notre environnement. Et c’est ça qui m’a inspiré à réaliser cette exposition afin de sensibiliser l’opinion et montrer comment nous devons agir pour avoir un développement durable», informe-t-il. L’artiste plasticien Kalidou Kassé s’est, lui, réjoui de faire abriter à l’espace Aliana l’exposition de «Idy», après celle qui a consacré l’ouverture de ce centre. «Nous avions promis aux artistes sénégalais, surtout aux jeunes, que cet espace leur est dédié. C’est simplement pour leur donner leur chance de présenter leurs œuvres», a rappelé M. Kassé. Evoquant le parcours du jeune artiste, il explique qu’«en fait Idy s’est constitué naturellement, parce qu’il a été formé à l’école des arts visuels Taggat. Il a reçu son diplôme et est sorti depuis lors». «Il faisait partie de la 2e promotion. Depuis lors, il travaille pour préparer l’expo», ajoute-t-il, avant de confier que la dernière fois, ce jeune artiste avait demandé à participer à l’expo d’ouverture de l’espace. Mais «je lui ai dit qu’il faudrait préparer une autre exposition pour lui. Et c’est ce qui est fait. Cela fait presque 2 ans qu’il s’est enfermé pour la préparer et franchement je n’ai pas été déçu du résultat de son travail. Sur le plan technique, sur le plan approche, c’est-à-dire thématique, vraiment il a assuré.»
Les impressions du maître
«J’ai vu l’ensemble des thèmes qu’il aborde dans ses œuvres et qui interpellent un peu notre environnement, notre conscience collective, notre savoir vivre, notre savoir être etc. Je pense à ce propos que Idy est conscient du rôle d’un artiste», a encore commenté Kalidou Kassé. «Deuxièmement sur le plan technique, j’ai vu le traitement de ses œuvres, le grattage, c’est-à-dire les matériels qu’il utilise, j’ai vu qu’il est vraiment sorti des chantiers battus de ce que je voyais tout le temps. Parce qu’en fait, l’expression artistique c’est personnel, on ne peut pas peindre à la place de quelqu’un», se félicite M. Kassé, par ailleurs directeur artistique de l’espace Aliana. Au sujet de ce nouvel espace consacré aux arts, il renseigne qu’il y aura d’autres artistes programmés en fin 2017, notamment au mois de novembre et jusqu’en août 2018. «On ne va programmer que de jeunes artistes pour leur donner la chance de se faire connaître. Des expositions aussi de grands artistes venant de l’étranger sont prévues», a-t-il informé.
Natif de la Médina, Idrissa Mbengue a suivi sa formation à l’école nationale des arts visuels Taggat, dont il fait partie de la 2e promotion. Il a remporté le 2e prix de l’Ofnac. Son idole est Kalidou Kassé. «C’est mon maître, il est mon tout», dira-t-il. Il a fait pas mal d’expositions collectives, mais celle-ci est sa première exposition individuelle et qui coïncide avec la première exposition de cet espace Aliana, après celle de l’ouverture. «Je suis heureux d’avoir été la première personne à avoir exposé dans cet endroit», se réjouit M. Mbengue. Depuis très tôt, cet artiste qui réside actuellement à Keur Massar s’exerce à dessiner à l’aide de feuilles. «Je faisais du commerce. J’étais à Colobane chez ma grand-mère. Il y avait un magazine là-bas où je vendais des matériels électroniques. Et le temps libre que j’avais, j’achetais des petites feuilles et je faisais des reproductions de cassettes. Et c’est là que l’envie et l’amour de peindre me sont venus», dira ce jeune homme qui vient juste de souffler ces 31 bougies. «Mais c’est un don tout simplement», se vante-t-il.
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