Comme toutes les religions, l’islam n’est pas à l’indifférence des clichés et anathèmes jetés contre lui. Ces critiques à l’encontre des religions ont trait au traitement réservé aux femmes du point de vue juridique et de l’application des textes.
En effet, dans un contexte de mondialisation, d’islamisation de nombreuses sociétés, de développement des idéaux et de lutte pour l’égalité du genre, une réflexion fondée sur le Coran, principal soubassement juridique de l’islam et de la Sunna du prophète Moha­med (Paix soit sur lui) demeure nécessaire pour lever toute équivoque autour des droits des femmes.
Il faut d’emblée relever que les lanternes que pose la problématique de la femme en islam, découlent, à la fois, d’une interprétation misogyne et parfois fallacieuse du texte coranique de la part de certains islamistes et de certaines organisations de défenseurs des droits de l’Homme. Les images de femmes battues, torturées, muselées ; véhiculées à travers les réseaux sociaux et les mass médias, dont la perpétuation est l’œuvre de quelques organisations terroristes semant la terreur sur des no man’s land, n’ont rien à voir avec l’islam.
Ainsi, dans un contexte de la prégnance du débat sur le genre et l’égalité des sexes, l’islam dispose, assurément, suffisamment d’arguments trouvant leur fondement sur le Coran et la Sunna qui prouvent l’existence de véritables droits réservés aux femmes et qui leur sont inaliénables.
L’islam consacre bel et bien le genre, instaure des droits aux femmes et prône tout à la fois l’égalité entre l’homme et la femme. Une telle assertion trouve son fondement dans le Coran et la Sunna. Le Coran dans ce sens est clair : «Les Croyants (les hommes) et les croyantes (les femmes) sont alliés les uns des autres…» (Coran 9 : 71). Cet alignement auquel fait montre ce verset traduit l’égalité entre l’homme et la femme en ce qui concerne leurs obligations envers Dieu. L’homme tout autant que la femme, doivent adorer Dieu. Aucune exception, ni adoucissement, en dehors de quelques situations particulières, n’est faite.
Les recommandations divines s’appliquent donc à la fois sur les hommes que sur les femmes ; aucune faveur n’est accordée à l’homme sur la femme quant à ce qui constitue leurs droits et leurs devoirs envers leur Créateur. Et les récompenses réservées à chacun des sexes est à la hauteur de son œuvre. Le Coran nous édifie sur ce plan en termes clairs : «Surement les musulmans et les femmes musulmanes, croyants et croyantes, les hommes pieux et femmes pieuses, les hommes sincères et femmes sincères, les hommes patients et femmes patientes, ceux et celles qui craignent Dieu, ceux et celles qui craignent qui pratiquent la charité, qui observent le jeûne, qui sont chastes et invoquent souvent leur Seigneur, à tous et à toutes Dieu a réservé son Pardon et une magnifique récompense.» (Coran ; 33 :35). Le Coran d’ajouter dans cette même dynamique : «En vérité, je ne laisse pas perdre le bien que quiconque parmi vous a fait, homme ou femme, car vous êtes les uns des autres.» (Coran 3 : 195).
L’islam, au-delà de l’égalité entre homme et femme quant à leur obligation d’adorer Dieu, consacre l’égalité comme un droit. «Tout comme les hommes ont des droits sur les femmes, semblables sont ceux des femmes sur les hommes.» (Coran 2 : 228).
De ce qui précède, force est de constater qu’il n’existe pas de supériorité, entre le genre, comme certains le prétendent en islam, car pensent-ils trouver leur justification dans le Coran en son verset 34 de la sourate An-nissa : «Les hommes ont autorité sur les femmes.» L’interprétation faite ici du mot qawwam (arabe) en autorité est un erratum commis dans la traduction en français. Le mot Qawwam qui renvoie à la force, vient de la racine Qaama (ce qui tient debout). Ce qui donne un autre sens plus juste au verset comme suit : «Les hommes sont les protecteurs des femmes.» En d’autres termes, les hommes, par leur capacité physique plus forte, doivent protéger les femmes et leur porter assistance. Ce sens nouveau donné à ce verset, ne découle pas seulement de la traduction donnée au mot qawwam donné plus haut, mais aussi des raisons et situations à partir desquelles ce verset fut descendu. En effet, Habibatou Bint Zayfad avait été giflée par son mari Sahad Ibn Rabiah. Lorsque le prophète avait été amené à intervenir, ce verset lui fit descendu dans l’optique de persuader Sahad Ibn Rabiah en sa qualité de mari, qu’il doit protection et affection à sa femme et à cette dernière la reconnaissance du droit de chef de famille dont dispose son mari sur elle. Dans ce même ordre d’idées, le prophète Mohamad (Psl) déclare «Les croyants ayant fait preuve de la plus parfaite croyance sont ceux qui sont meilleurs envers leurs épouses.» (At-Tirmizhi).
Ainsi, si la Déclaration universelle des droits de l’Homme, une avancée majeure qui reste à saluer, déclare en son article premier : «Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits», l’islam quant à lui a consacré le principe et fait appel à son application effective dès le 7ème siècle. N’est-ce pas le Coran de déclarer en ce sens : «Les Croyants (les hommes) et les croyantes (les femmes) sont alliés les uns des autres…» (Coran 9 : 71). De ce verset, on comprend aisément l’idée de l’égalité entre ces deux créatures de Dieu que sont l’homme et la femme.
Par ailleurs, un des faits majeurs qui méritent d’être rappelés est celui de l’arrivée de l’islam dans un contexte très hostile aux femmes et filles en société arabe. En effet, l’avènement de l’islam a sonné le glas de la liberté de la femme. Dans la société arabe préislamique, la femme ne jouissait d’aucun droit. Elle faisait l’objet de traitements les plus inhumains qui soient. Les femmes étaient vendues comme de simples marchandises à des propriétaires qui pouvaient abuser d’elles sexuellement ou les torturer. Ainsi, dès sa venue, l’islam se heurte à cette réalité d’injustice sociale dans une société arabe encore païenne et tribale.
Dans sa quête de réforme sociale, de lutte contre toute forme de discrimination à l’égard des filles particulièrement, l’islam restaure, par la même occasion la dignité et l’honneur de la femme. Il abolit la pratique d’infanticide des filles pratiquée par une société arabe qui voyait en la fille une honte, un mal pour la famille, qu’il faut à tout prix combattre en la faisant disparaitre par tous les moyens qui existent, le meurtre n’était pas en marge comme moyen. Le Coran s’interroge à cet effet : «Et qu’on demandera à la fillette enterrée vivante» ; «pour quel péché elle a été tuée». (Coran, 81 : 8 et 9). De plus, le prophète Mohamad (Psl), par sa perspicacité et son désir de donner un droit à la vie aux filles, promet une récompense élevée aux pères qui élèvent dans la foi leurs filles, plus qu’il n’est donné pour l’éducation d’un garçon.
En islam, les filles ont le droit légal de choisir leur mari. Elles ne sont nullement obligées d’épouser un homme sans leur consentement préalable. Cependant, il semble nécessaire de préciser que le mariage forcé, pratique très répandue dans certains pays musulmans, relève d’un aspect purement culturel. C’est sous cet aspect qu’il faut placer aussi la tendance selon laquelle les femmes ne doivent pas exercer d’autres activités que celles du ménage et par conséquent, n’ont le droit d’exercer une activité professionnelle.
Cette conception est erronée et n’a pas de justificatif dans le Coran et la Sunna. Pour preuve, à côté des compagnons du prophète tels Abu Baakr, Ousman, Omar, Aliou et bien d’autres, se trouvaient de vaillantes compagnonnes. Ces dernières ont fait preuve de bravoure et de détermination, tout autant que les hommes, dans les domaines économiques, religieux et sociaux etc.
Parmi ces compagnes, Khadijah bint Khuwaylid, première épouse du prophète occupe une place importante. Son exemplarité et sa bonne conduite ont été précieuses au prophète Mohamed (Psl) dans sa mission d’instaurer l’islam. Elle fut aussi une grande businesswoman de son vivant. L’une des compagnes qui s’est distinguée par son grand savoir fut assurément Aysha bint Abu Bakr. Epouse du prophète, elle fut la preuve certaine qu’une femme peut rivaliser de hautes facultés intellectuelles et de savoirs profonds avec les hommes. Sa grande maitrise de plusieurs branches fit d’elle un éminent professeur notamment en fihq (droit islamique) et en Charia (loi islamique). S’il avait fallu attendre au 20ème et 21ème siècles pour avancer l’idée d’une intégration des femmes dans l’armée, l’islam, lui, a reconnu la capacité de ces dernières dans l’effort de guerre et leur courage sur les champs de bataille. A titre illustratif Oumou ‘Ammarah Nassibah, compagne dont le courage intrépide reste exemplaire, fut un soldat intraitable sur les champs de bataille. L’iman Sahbi a écrit qu’elle a pris part dans la bataille d’Ou­houd, de Hounayn, et de Yamamah et avait pris part lors du traité de Yama­mah.
En définitive, la femme occupe une place centrale en islam et les droits qui lui sont conférés sont inaliénables. A ce propos, le prophète Mohamad (Psl) déclare : «O Allah, je déclare inviolables les droits de deux faibles : l’orphelin et la femme» (hadith recueilli auprès d’Aysha et rapporté par An-nass’i). C’est dans cet esprit similaire que Annie Besant, grande militante pour la cause féminine, fait cette observation dans La vie et les Enseignement de Moham­med, 1932 : «Ce n’est que dans les vingt dernières années que l’Angleterre chrétienne a reconnu le droit à la femme à la propriété, alors que l’islam l’a toujours permis. C’est une calomnie de dire que l’islam prêche que les femmes n’ont pas d’âme.» Car avant d’être catégorisées dans un genre, les femmes appartiennent à la grande famille des êtres humains qui est «l’Homme».
Mamadou GUEYE
Human rights activist and gender equality.
President de Dakar Optimist Club/Optimist International
Membre de la Jeune Chambre International “Dakar-Allianceé”
gueyemamadoudia@yahoo.fr