Ce 14 octobre 2024, le gouvernement du Sénégal dirigé par M. Ousmane Sonko vient de publier un référentiel à l’horizon 2050. Ce document stratégique, axé sur quatre composantes, constitue désormais le modèle de développement de notre pays. Pour rappel, les quatre axes s’articulent comme suit : une Economie compétitive, Capital humain et équité sociale, Aménagement et développement durable, et enfin Bonne gouvernance et engagement africain. Pour avoir séjourné pendant trois années en Asie, nous sommes persuadé que la mise en œuvre de ce référentiel taillé sur mesure conformément aux préoccupations urgentes et futures des Sénégalais transformera positivement la configuration du Sénégal.

Notre pays, à travers le leadership du président de la République et du Premier ministre, propose une vision de développement claire et cohérente de notre avenir économique et social. Elle est fortement basée sur des stratégies nationales de développement à long terme, et sa mise en œuvre se fera en grande partie à travers des ressources endogènes et sera soutenue par une planification rigoureuse et une exécution méthodique à travers une bonne gouvernance.

Education et formation : un secteur important pour améliorer la qualité de nos ressources humaines
A l’horizon 2050, l’actuel gouvernement mise sur l’éducation et la formation pour rendre les entreprises locales et les directions publiques performantes et rentables. En d’autres termes, il compte investir dans ce secteur pour produire des ressources humaines instruites, averties des enjeux du moment et capables de porter les stratégies de développement dans différents clusters (technologie, agriculture, santé, transport, etc.). Il s’agira d’investir dans les systèmes éducatifs qui mettront l’accent sur la formation technique et professionnelle afin de répondre aux besoins des industries locales. Parallèlement, des formations continues dans tous les cœurs de métiers seront assurées et permettront in fine aux travailleurs de rester compétitifs dans un environnement économique très dynamique. Les acteurs de l’éducation et de la formation, et le secteur privé mettront en place un cadre pour proposer des curricula adaptés aux besoins du marché. Cette stratégie intelligente et durable permettra à terme d’améliorer la lancinante question relative à l’employabilité et l’emploi des jeunes à travers la création d’une main-d’œuvre qualifiée, nécessaire pour soutenir un développement industriel endogène.

Industrialisation, recherche et développement et renforcement du secteur privé local
Le modèle de développement proposé par nos autorités se caractérise par une forte implication de l’Etat dans la direction de l’industrialisation, tout en soutenant le secteur privé local. Le gouvernement sud-coréen a réussi cette stratégie à travers la création de chaebols, de grandes entreprises familiales (comme Samsung, LG, Hyundai), avec des facilitations. Ces entreprises ont joué un rôle central dans la transformation de la Corée en une puissance industrielle mondiale. En plus, la transformation des produits agricoles et agroalimentaires, combinée à la modernisation des chaînes de valeurs agricoles, permettra de garantir une sécurité alimentaire et de se projeter dans l’exportation. Pour renforcer le secteur privé local, l’actuel gouvernement a déjà posé les premiers jalons pour lui permettre de «compétir» sur les appels d’offres publics à hauteur de F Cfa 80 millions pour les services et F Cfa 100 millions pour les travaux, et dans ce cadre 5% du budget des marchés publics seront alloués au secteur privé local.

Nos autorités, via ce référentiel, ont aussi mis en place des politiques industrielles ambitieuses avec des objectifs précis. Dans ce cadre, l’Etat jouera un rôle-clé dans la promotion de l’innovation et dans la création de champions industriels dans les différentes zones du pays et dans tous les cœurs de métier pour soutenir la croissance économique. D’ailleurs, dès ses premières sorties, le président de la République a effectué un voyage en Chine accompagné des acteurs du secteur privé. Cette approche facilitera les transferts de technologie et permettra de rendre notre secteur privé local plus compétitif.

A travers ce programme, nous aurons une politique industrielle dirigée par l’Etat, en partenariat avec un secteur privé dynamique, pour accélérer la création de champions nationaux capables de concurrencer des startups à l’échelle sous-régionale, mondiale.

Parallèlement, pour créer des produits et des technologies compétitifs à l’échelle internationale, l’actuel gouvernement placera l’innovation au cœur de sa stratégie de développement. Des moyens colossaux seront injectés dans la recherche et le développement afin de permettre à notre pays d’être un des leaders mondiaux dans les technologies de l’information et de la communication grâce à une stratégie nationale en faveur de la numérisation. Probablement, cette technologie pourvoyeuse d’emplois pourrait être appliquée dans les secteurs de l’agriculture, du transport, des services. Etc.
Toute cette stratégie sera mise en œuvre à travers des partenariats public-privé pour la R&D. Des instituts comme l’Isra, l’Ita, le secteur privé et les universités seront appuyées et accompagnés pour stimuler l’innovation et créer les conditions de recherche dans tous les secteurs.

Dans ce sous-secteur, le projet encourage l’innovation à travers des investissements soutenus dans la R&D, et la création d’un écosystème technologique favorable et essentiel pour une croissance durable et la compétitivité à l’échelle mondiale.

Gestion efficiente et rigoureuse des ressources publiques et naturelles
Pour assurer le déclic, notre pays adoptera désormais une gestion budgétaire rigoureuse et disciplinée, minimisant la dette publique pendant les périodes de croissance, et en priorité le focus sera mis sur nos ressources endogènes. En sus, grâce à des politiques fiscales et monétaires réfléchies, notre pays va maintenir la stabilité de ses devises et attirer les Foreign Direct Investments (Ide).

Les dépenses excessives dans des secteurs non prioritaires seront bannies et concentrées sur des domaines-clés comme l’agriculture, l’éducation, la formation, l’industrialisation, la recherche, etc. La discipline budgétaire et une gestion responsable et rigoureuse des ressources nationales sont cruciales pour maintenir une stabilité économique et renforcer la confiance des investisseurs étrangers.

Promotion de la cohésion sociale et du capital humain
Notre pays, à travers le Projet, mettra en œuvre des politiques de réduction des inégalités et de promotion de la cohésion sociale. Cette équité visée contribuera fortement à mettre en place un environnement de paix sociale et de stabilité, conditions nécessaires au développement.

Dans un contexte d’exploitation de nos ressources pétrolières et gazières, et autres, l’Etat prendra désormais toutes les dispositions pour que le développement économique bénéficie à une grande partie de la population, en particulier à travers des politiques sociales favorisant l’inclusion. La réduction des inégalités sociales, grâce à des politiques de redistribution efficaces, permettra de maintenir une relative égalité économique, réduisant ainsi les tensions sociales, et d’éviter les frustrations.

Le modèle économique proposé par l’actuel gouvernement offre de précieuses opportunités pour une transformation économique et sociale de notre pays. Ledit modèle combine une vision stratégique, un investissement massif dans l’éducation et la technologie, une politique industrielle dirigée et une gestion rigoureuse des ressources. Sa mise en œuvre permettra de tracer une voie vers un développement rapide, durable et inclusif. Sa pertinence se justifie aussi à travers l’intégration des réalités sociologiques, culturelles, économiques et sociales de notre pays. En d’autres termes, les préoccupations des agents économiques seront intégrées dans tout le processus, avec une utilisation optimale et réfléchie des ressources endogènes de notre pays. Cette approche permettra à notre pays d’être résilient face aux crises endogènes et exogènes.
Pour des questions de durabilité et de souveraineté, la mise en œuvre du Projet se fera de concert avec les populations à travers un engagement patriotique et citoyen. Elle devra aussi, en sus du leadership incarné par le président de la République et son Premier ministre, être accompagnée d’une vision commune et une approche participative intégrant le secteur privé, les partenaires techniques au développement, la Société civile, les populations, etc. Enfin, comme annoncé par le Premier ministre, un dispositif de suivi-évaluation sera mis en place pour accompagner le Projet, et au besoin, des réajustements se feront périodiquement tout en intégrant les facteurs exogènes à travers des stratégies pour rendre notre pays résilient. Ce chantier très ambitieux se fera à travers une gouvernance transparente, rigoureuse et équitable à tous les niveaux de décisions afin de restaurer la confiance des citoyens et d’attirer les investisseurs.
(A Suivre)
Djibril BA
Ingénieur Agroéconomiste
Financier diplômé de l’Asie
Président du Mouvement Progrès