Victimes des violences de juin : La famille du rappeur Baba Kana demande justice

Leur marche samedi dernier à Boinadji interdite par le sous-préfet de Ogo, les rappeurs du Fouta continuent d’accompagner la famille de Baba Kana, le rappeur tué lors des manifestations de début juin. Face à la presse hier au siège d’Amnesty International, la famille du défunt rappeur était entourée des rappeurs du Fouta mais aussi de grands noms du hip-hop comme Simon Kouka pour présenter le déroulement des faits ayant abouti au décès par balle de Baba Kana et réclamer justice.Par Demba NIANG –
Soutenue et accompagnée par les rappeurs du Fouta et de Dakar et des organisations de la Société civile, la famille du rappeur Baba Kana, tué lors des manifestations du début du mois de juin, a fait face à la presse pour réclamer «l’établissement de la vérité et que la justice soit rendue» pour pouvoir faire son deuil. Pour la famille de Baba Kana, ce rendez-vous avec la presse, en présence des rappeurs qui avaient accompagné leur collègue à sa dernière demeure à Boinadji (dans le département de Matam), «a pour but d’éclairer l’opinion nationale et internationale et de dire toute la lumière sur le déroulement des faits qui ont conduit au meurtre de Abdoulaye Kamara (Baba Kana), survenu la nuit du samedi 3 juin 2023 alors qu’il revenait d’une visite chez son ami Lamine Baldé aux Hlm». Retraçant chronologiquement les faits, la famille a replongé ses «frères de micro» du Fouta dans une tristesse et une colère indescriptibles. Malgré des allers et retours incessants et «vains» des membres de sa famille et ses amis rappeurs entre le Commissariat de police des Hlm, de Dieuppeul et du Commissariat central entre samedi 3 et dimanche 4 juin, sa famille déclare avec regret que «c’est vers 23 heures que certains membres de sa famille et de ses amis ont reçu une vidéo dans laquelle on identifie clairement Abdoulaye Kamara». Le corps sans vie du rappeur n’a été retrouvé que le lundi à la morgue de l’hôpital Philippe Senghor, avec cette mention du Commissariat de police des Hlm : «Requérons monsieur le médecin-chef de l’hôpital Idrissa Pouye aux fins de déterminer les causes exactes de la mort (autopsie) du nommé Abdoulaye Kamara …» L’autopsie révèle une «plaie abdominale par arme à feu… Présence d’une balle, de plusieurs traces de contusion sur le tronc et les membres».
«La famille compte, après le deuil et sur conseil de ses avocats et l’organisation Amnesty International, porter plainte pour cet assassinat», annonce-t-elle avant de lancer un appel. «Nous interpellons les organisations de défense des droits de l’Homme et prenons l’opinion nationale et internationale à témoin pour assurer que notre démarche n’est qu’une lutte contre la multiplication des violences policières qui s’abattent contre des populations.» Les rappeurs du Fouta, toujours au chevet de la famille de Baba Kana, ne sont pas prêts à lâcher l’affaire malgré l’interdiction de leur marche, car ils ont lancé depuis quelques jours une campagne de collecte de fonds pour la famille.
Correspondant