Le Président Macky Sall, qui présidait hier l’ouverture de la 5e édition de la Journée de l’Afrique 2020 (Africa day en anglais), a pointé du doigt la planification de l’espace dans les villes africaines, qui demeure «tout à fait déséquilibrée».

Les prévisions révèlent que d’ici 2050, la population africaine dépassera 2 milliards d’habitants, dont plus d’1 milliard de citadins, soit le taux d’urbanisation le plus élevé au monde. «Le problème est certes préoccupant, mais il se trouve ailleurs, notamment dans la mobilisation des ressources pour la planification urbaine, la mise en place des réseaux et surtout l’aménagement d’espace de vie. L’espace est là, mais il est très mal planifié. La planification est tout à fait déséquilibrée», a déploré Macky Sall à la cérémonie d’ouverture de la 5e édition de la Journée de l’Afrique 2020 (Africa day en anglais). Et pour le chef de l’Etat, «2050 c’est déjà demain et le scénario devant nous se rapproche et ne relève plus de la probabilité. C’est une réalité qu’il faut prendre en compte et en charge dès à présent dans des politiques pu­bliques appropriées, c’est-à-dire intégrées et novatrices».
Mais du côté de la Banque africaine de développement (Bad), les partenaires financiers estiment «qu’avec des politiques urbaines adéquates, des investissements appropriés, l’urbanisation présente de réelles opportunités pour transformer les villes en véritable moteur de croissance économique, qui serait tirée par la demande intérieure, l’intégration régionale, avec la Zlecaf qui se met en place». A cet égard, la Bad «appelle à une véritable décentralisation politique et financière qui devrait permettre aux villes de gérer leur croissance en mettant les citadins au cœur de toutes leurs actions, parce que grâce à une meilleure gouvernance, les villes africaines ont la capacité d’exploiter beaucoup plus de financements urbains». La Directrice générale du Bureau régional de développement et de présentation de services pour l’Afrique de l’Ouest de l’institution financière, Marie Laure Akin-Olugbade, considère que les villes doivent être soutenues pour augmenter les recettes intérieures, pour devenir solvables, pour avoir même la possibilité d’aller sur les marchés financiers locaux afin de financer l’infrastructure.
L’autre point, selon le Prési­dent Sall, qui nécessite une lecture licite, c’est «le concept du dividende démographique, qui veut que la jeunesse du continent soit son atout au moment où d’autres font face à un vieillissement de leur population». «Là aussi, ne nous y trompons pas. Le dividende démographique ne sera en effet, bénéfique à l’Afrique que pour autant qu’on aura préparé notre jeunesse à une vie productive. Ceci par une éducation, une formation professionnelle adaptée aux besoins de nos pays et à la réalité changeante du monde. Pour réussir le pari du dividende démographique, il nous faut impérativement relever le défi de l’employabilité des jeunes», a-t-il suggéré.
La Bad estime qu’il y a près de 12 millions de jeunes qui vont rejoindre le marché du travail chaque année. Et d’après Marie Laure Akin-Olugbade, «les emplois les plus attrayants, les mieux rémunérés se trouveront probablement dans les villes, donc une pression supplémentaire démographique sur les villes».
Organisée par la Banque européenne d’investissement (Bei) et Onu-Habitat, la 5e édition de Africa day abritée par le Sénégal, est axée cette année sur «l’urbanisation durable et la construction des villes en vue de l’avenir de l’Afrique». Werner Hoyer, président de la Bei, considère en effet, que l’Afrique doit tirer profit des potentialités de ses villes, et aller vers l’atteinte des Odd.