Abdou Karim Fall a comparu hier devant la barre pour viol sur une personne vulnérable en raison de son état psychique. Pour se défendre, il invoque la thèse du consentement. Il sera édifié sur son sort le 2 novembre après le réquisitoire du Parquet qui demande de le condamner à 3 ans ferme.

Ramatoulaye Faye, âgée de 28 ans, qui ne jouit pas de toutes ses facultés mentales, aurait été sexuellement abusée par Abdou Karim Fall. Et n’eussent été les signes de grossesse, cette affaire serait restée secrète au grand bonheur du prévenu. Ce qui a valu à Abdou Karim Fall de comparaître devant la barre du Tribunal pour viol sur une personne vulnérable en raison de son état de santé. Des accusations qu’il a reconnues en diluant sa responsabilité. «C’est elle qui m’a provoqué. Nous habitons le même quartier. Et quand elle me voit arriver avec ma moto, même devant sa mère, elle vient me provoquer. Le jour des faits, je suis revenu du travail, elle a accouru vers moi quand elle m’a aperçu. J’ai garé ma moto, puis je suis rentré chez moi. Après quelques instants, je suis sorti pour aller faire du sport. A mon retour, elle est venue me trouver dans ma chambre en me provoquant. Je suis un homme, je ne vais pas entrer dans les détails. C’est ainsi que nous avons entretenu des relations sexuelles avec son consentement. Je ne l’ai pas forcée», s’est-il justifié. Des déclarations balayées par la victime. «Il m’a amenée dans sa chambre, m’a déshabillée et a couché avec moi par la force», soutient la victime. Malgré le récit très précis, ses signes de déficience mentale sont visibles. Ce qui a amené l’un des assesseurs à faire la remarque au mis en cause. «Il suffit de la regarder pour savoir qu’elle ne jouit pas de toutes ses facultés mentales comme l’atteste même son bulletin de santé. Est-ce que tu voudrais qu’on te la donne en mariage ?», lui demande-t-il. A cette question, Abdou Karim Fall est resté aphone. Selon les explications du papa de la jeune dame, quand elle avait 2 ans, elle ne marchait pas encore. «Nous l’avons amenée d’abord à la maternelle, puis à l’âge de 6 ans nous l’avons inscrite à l’Institut Immaculée Conception. Mais après, ils se sont rendu compte qu’elle avait un retard mental. C’est ainsi que nous l’avons inscrite dans une école qui s’occupe des enfants qui souffrent d’un retard mental», a expliqué le géniteur qui a brandi le certificat de scolarité de sa fille pour attester de sa bonne foi. Le ministère public questionne le prévenu pour essayer de le confondre : «Est-ce qu’une adulte de 28 ans s’amuse dans la rue ? Non, c’est parce qu’elle n’est pas bien portante qu’elle se comporte de la sorte. Cette fille qui ne jouit de toutes ses facultés mentales depuis sa naissance n’a pas une capacité de discernement qui lui permet de consentir à l’acte sexuel.»
Il a requis 3 ans ferme contre le prévenu, après le désistement de la partie civile. Me Adama Fall, avocat de la défense, explique : «Ce sont deux personnes majeures. Mais ce qui gêne plus l’avocat de la défense, c’est que les parents aient attendu aussi longtemps après les faits pour porter plainte.» Me Cheikh Ndao renchérit : «Il n’y avait pas de violence. Le rapport sexuel a été fait avec le consentement de la dame.» Cependant, la défense a sollicité une application bienveillante de la loi. Le prévenu sera édifié sur son sort le 2 novembre prochain.

justin@lequotidien.sn