Contrairement aux idées reçues, la violence n’est pas seulement l’apanage des jeunes de la banlieue. Une recherche menée par l’Institut africain de gestion urbaine (Iagu) a montré une plus forte prévalence de la violence dans le quartier des Hlm que dans celui de Medina Gounass dans la banlieue. Selon le Dr Fatoumata Sall, c’est la preuve que les jeunes qui sont dans la banlieue sont confrontés aux mêmes problèmes que les jeunes de la ville.

La violence n’est plus l’apanage des seuls quartiers de la banlieue. Une recherche conduite par l’Institut africain de gestion urbaine (Iagu) a remis en cause ces certitudes bien sénégalaises. En effet, l’étude intitulé «La violence chez les jeunes à Dakar : contexte, facteurs et réponses» a fait l’objet d’une restitution populaire dans le quartier des Hlm ce samedi. Selon le Dr Fatoumata Sall, géographe et chercheuse associée à l’Iagu, une des leçons apprises dans le cadre de cette recherche action, «c’est que la violence n’est plus seulement un fait de banlieue». «Les gens ont tendance à penser banlieue quand on parle de violence. Or, ceci ne peut plus être considéré comme une vérité absolue parce que les jeunes qui sont dans la banlieue sont confrontés aux mêmes problèmes que les jeunes de la ville», explique Mme Sall qui est une des chercheurs qui ont mené la recherche dans les communes des Hlm (centre de Dakar) et de Médina Gounass située en banlieue de Dakar. Dr Sall souligne que la situation dans cette commune des Hlm, qui fait partie des communes qui sont les plus indexées en termes d’usage de drogue, explique cela. «C’est une commune où la promiscuité, l’insertion des jeunes, la question de l’éducation familiale sont de mise. Autant de facteurs qui font que quartier des Hlm est autant ou plus exposé que Medina gounass. Pour dire simplement que ce sont des préjugés qui sont établis sur le fait que la violence, c’est le fait des banlieues, mais c’est le fait des jeunes en général», poursuit Dr Sall.
Après deux années de recherches, les chercheurs de l’Iagu ont procédé à des restitutions populaires. Ce samedi à Hlm, l’institut a partagé les résultats de l’étude qui montrent qu’aux Hlm, 19,5% des jeunes ont été au moins une fois victimes de violences physiques, 44,8% de violences verbales, 6,1% de violences sexuelles et 49,3% d’atteintes aux biens. Par ailleurs, 7,6% des jeunes ont été auteurs de violences physiques, 14,4% de violences verbales, 2,2% d’atteintes des biens. «Aujourd’hui, les jeunes sont victimes de violences notamment physique, verbale, d’atteintes aux biens, c’est-à-dire tout ce qui est vol ou agressions. Autant ils sont victimes de violences, autant ils sont aussi auteurs de violences», précise le Dr Sall. L’étude s’est aussi intéressée aux facteurs qui expliquent ces violences. Au premier chef, c’est la dimension économique qui est indexée avec le chômage, le faible accès aux services sociaux de base (éducation, santé, transport, service de sécurité,…), ce qui entraine l’oisiveté et favorise leur implication dans la violence en tant qu’auteurs. «Outre la dimension économique qui est indexée, il y a aussi la culture et la société qui sont des déterminants de la violence. Je peux citer l’exemple des enfants qui sont rejetés ou qui sont victimes de violences», indique le Dr Sall. Mais selon la géographe, ce sont ces mêmes déterminants sociaux et culturels qui poussent les jeunes dans la violence, qui les aident aussi à en sortir. «C’est le cas de la cellule familiale ou de l’enseignement religieux. Certains jeunes ont pu sortir de la violence grâce à cela. D’autres ne sont pas tombés dans la violence parce qu’ils ont eu un bon encadrement de leurs familles, un bon encadrement religieux», dit-elle. Parmi les solutions identifiées, les Techniques de l’information et de la communication (Tic). «Les jeunes utilisent de plus en les tic pour sensibiliser et partager leurs expériences de sorte que d’autres jeunes ne puissent pas en être victimes», indique le Dr Sall.