Après avoir été privés de ce grand rendez-vous religieux l’année dernière à cause du Covid-19, des milliers de pèlerins sont sur place pour assister à la 80ème édition du Daaka. Si les femmes assistent à cette manifestation, elles sont invisibles au lieu de retraite.

Par Abdoulaye KAMARA (Correspondant) – Aujourd’hui, le khalife de Médina Gounass, Thierno Amadou Tidiane Ba, après la prière de 17h, va autoriser l’ouverture officielle des dévotions au Daaka, dans un site se trouvant à 10 km de la ville sainte. Les pèlerins et techniciens des différents services déconcentrés de l’Etat sont à pied d’œuvre pour réunir les meilleures conditions d’accueil, en termes de logement, d’accès à l’eau, à l’électricité, de fluidité de la circulation etc.
Des milliers d’hommes seront visibles à partir de ce samedi dans les abris servant d’habitats, sous les tentes, les lieux de prière en commun, tout comme dans les lieux de commerce. Aucune femme en apparence ! Mais la réalité est tout autre. Quelques rares femmes ont l’autorisation d’accéder à ce lieu si austère et si éloigné des habitations. Selon Amadou Tidiane Talla, député Apr de la 12ème Législature, «les femmes sont bel et bien admises au Daaka». Il donne les conditions : «Il faut qu’un homme se porte garant de la responsabilité de ladite femme. Il formule une demande écrite en ce sens, en s’engageant à ce que la femme vienne au Daaka nuitamment, sans être vue par le public et qu’elle en sorte nuitamment dans les mêmes conditions. Elle ne doit pas sortir de son lieu d’hébergement au vu de tous. Un véhicule doit garer à hauteur de son habitat pour l’amener, au besoin. Si elle doit faire la cuisine, les provisions doivent la trouver sur place. Elle fait toutes ses dévotions et besoins à l’intérieur. Quelques rares femmes qui remplissent ces conditions sont admises dans le site, mais de manière discrète. Les hommes ne doivent les voir sous aucun prétexte.» La raison ? Amadou Tidiane Talla explique : «Le premier khalife fondateur du village et initiateur du Daaka avait la conviction qu’une présence massive et trop extravagante des femmes dans des rassemblements du genre pourrait laisser une porte ouverte à tous les abus et écarts de comportements contraires aux enseignements de l’islam et à ses intentions de dévotion.»
Et pourtant, à l’occasion du Daaka, la cité religieuse reçoit beaucoup d’hôtes de la gent féminine qui restent dans le village pour faire les mêmes dévotions qui se font à 10 km de là (invocations, prières, lecture du Coran.) D’ailleurs, il y eut une année, face à la forte présence d’étrangères dans la ville sainte, le khalife a autorisé de les regrouper dans un lieu qui avait servi de base-vie à l’Ageroute lorsqu’elle construisait la route de la Cedeao qui traverse la cité et va à Boundou Fourdou en Guinée. Mais l’expérience a vite été abandonnée pour des raisons qui n’ont pas été livrées à l’opinion.
Il faut rappeler que l’ouverture officielle du Daaka sera présidée par le gouverneur de Kolda, à la tête d’une forte délégation d’autorités techniques et administratives des 3 départements de la région (Kolda, Médina Yoro Foula et Vélingara). Aussitôt après, les officiels vont se retirer pour laisser la place aux pèlerins qui vont rester sur place pendant les 10 prochains jours.
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