Le ministre de la Culture a rendu visite hier aux acteurs culturels de Dakar, Pikine et Guédiawaye pour s’enquérir de leur situation. Occasion pour le rappeur Fou Malade, à l’étape de Guediawaye Hip Hop, de dénoncer l’absence d’une politique culturelle dans la banlieue.
Le ministre de la Culture et de la communication a fait le tour des acteurs qui ont bénéficié des différents fonds de son département, notamment le Fonds de développement des cultures urbaines (Fdcu). Cette visite avait pour but de s’enquérir de leur situation pour une meilleure planification du secteur. Première étape, le Studio Sankara. Sur place, l’artiste et promoteur Didier Awadi a fait visiter au ministre les locaux, notamment la salle de production cinéma, le label Taf Taf prod et le studio de montage de spectacles sons et lumières. Après une mini projection du spectacle d’ouverture de l’Afrobasket à la fin de sa visite, Abdoulaye Diop a magnifié les réalisations. «Vous êtes les acteurs, on est à votre écoute, c’est à vous de nous dire la direction. Vous avez 30 ans d’expérience», dit-il à Didier Awadi. L’artiste de rétorquer avec le sourire : «On n’est pas que dans la musique. On fait des spectacles avec toutes les expressions : danse, jeux de lumières en plus de la réalisation de films.»
3 millions aux comédiens de Pikine
Ensuite, le cortège s’ébranle en direction de Pikine. Au Centre socio-culturel de Pikine, l’Association des artistes comédiens de théâtre (Arcots) a accueilli la délégation de Abdoulaye Diop avec un sketch sur les traditions léboues, le Ndeup et sur le mariage en milieu Sérère. Le spectacle est déroulé sous l’œil vigilant de Pape Faye, président de ladite structure, qui demande au ministre de soutenir davantage les comédiens. Mamadou Fall, manager de la section Pikine de l’Arcots, lui emboîte le pas. «Un artiste n’a besoin que d’encadrement et de soutien». Le projet des comédiens de Pikine enrobe 160 artistes, font-ils savoir. Leyti Fall, responsable de la structure des comédiens, dit également que la Direction des arts appuie leur structure lors de la journée mondiale des arts. «On a bénéficié de plus de trois millions du fonds des cultures.» A Africulturban sis au premier étage du centre, le coordonnateur de la structure, Matador, a fait le guide. Du Studio à l’atelier de dj, la bibliothèque et le projet de construction d’une académie dans le Centre socio-culturel, tout est passé en revue par le rappeur. «Pikine c’est le poumon de la culture qui est l’élément fédérateur dans une Nation. Dans un monde où le repli identitaire est devenue une norme, c’est la culture qui rapproche les gens», dit Abdoulaye Diop. Il ajoute que «depuis l’indépendance jusqu’à nos jours, toutes les structures et les fonds mis en place ont été multipliés».
Absence de politique culturelle
A Guédiawaye, Malal Talla, Fou Malade de son nom d’artiste, après avoir fait faire à la délégation un rapide tour des lieux de Guediawaye Hip hop sis dans le Centre socio-culturel de la commune, dénonce l’«absence de politiques culturelles dans la banlieue. Intervenir en banlieue permet de réduire les inégalités sociales», ajoute-t-il. «Si on voit cette aura du Sénégal sur le plan international, ce n’est pas lié à son pétrole ni à son gaz. C’est lié à sa culture», dit le ministre de la Communication. Avant de rappeler, qu’au-delà des acteurs culturels, la demande est forte dans d’autres secteurs. Il demande aux hommes de la culture d’avoir une vision plus large. «Il y a des choses à faire à Guédiawaye comme dans les autres parties du pays ou les acteurs ne disposent même pas d’électricité.» «Que chacun respecte ce que fait l’autre.» Le ministre prône par ailleurs, l’équité entre les Sénégalais. «Les investissements faits par la Direction de la culture à Guédiawaye en 2018 sont à hauteur de 39,5 millions», a conclu le ministre de la Culture et de la communication.