Visite aux «Dents de la mer» : L’exception du Musée Léopold Senghor

Dans la résidence du premier président de la République du Sénégal, «Les dents de la mer», érigée en musée, les va-et-vient des visiteurs se font en toute démocratie. Ici, aucune distinction entre le Sénégalais et le touriste.
Au Musée Léopold Sédar Senghor, la directrice Mariama Ndoye se démarque de par les tarifs qu’elle applique à ses visiteurs. Aucune différence sur le sexe ou la race. Seulement sur l’âge. Et une exception est faite pour les élèves, étudiants et corps habillés. «Sans porter de jugement sur les structures qui pratiquent des tarifs différents entre les visiteurs selon leur race, j’estime que cette différence de tarifs n’a pas lieu d’être. A ce jour, les tarifs de visite du Musée Léopold Sédar Senghor sont de 500f pour les élèves et enfants, 1 000f pour les étudiants et hommes de tenue, 2 000 Cfa pour les adultes. Les tarifs sont les mêmes pour tous les visiteurs depuis l’ouverture du musée au public en décembre 2014 et peuvent être révisés à tout moment», souligne Mariama Ndoye avant d’expliquer les raisons qui ont guidé ce choix. «Il est vrai que le Président Senghor, Sénégalais ayant pour devise : Un peuple, un but, une foi, mais aussi académicien français donc sensible à la devise française : liberté, égalité, fraternité, aurait sans doute vu d’un mauvais œil que des tarifs différentiels soient pratiqués pour visiter sa maison. Cependant, ce n’est pas ce qui m’a guidée. Je n’ai simplement pas pensé à différencier les prix dans la mesure où toutes les personnes qui paient pour visiter un endroit, indépendamment de leur race ou origine sociale, sont mues par la curiosité, la soif de culture, un attachement ou un intérêt quelconque pour l’endroit en question.» Et vu que Senghor a prôné entre autres principes la négritude, l’enracinement et l’ouverture, la civilisation de l’universel, le dialogue des cultures. Pourquoi pas ? Prudente, Mme Ndoye soutient que ces thèmes sont parlants, mais «je n’irai pas jusqu’à dire qu’ils interdisent une différenciation des tarifs dans les endroits publics. Il existe sans doute à l’étranger des différences de tarifs entre les individus pour de bonnes ou mauvaises raisons».
Interrogés, ses visiteurs sont tout aussi partagés sur les tarifs. Mais ils s’accordent au moins sur une chose. La modestie, le goût pour la littérature et les arts du Président poète Léopold Sédar Senghor. Victor ne regrette pas d’avoir mis 2 000 Cfa pour découvrir Senghor. «Je voulais en apprendre un peu plus sur Senghor, l’histoire du Sénégal et j’ai trouvé que c’est très intéressant. J’ai plongé dans l’univers d’un Président. C’est la première fois. Tout a été laissé en état. C’est intéressant de voir quelles pouvaient être les lectures du Président. Et d’en apprendre un peu plus sur sa vie personnelle. On voit qu’il était très instruit, connaissait bien la culture, s’intéressait à la vie des autres. Il avait des relations internationales avec des Présidents de plusieurs pays. J’ai été impressionné par sa simplicité», lance le touriste au terme de sa visite.