Le directeur général de l’Agence pour la promotion et le développement de l’artisanat (Apda), Pape Amadou Ndao, vient d’effectuer une visite de travail à Ngaye Mékhé. Une visite au cours de laquelle il a rencontré des acteurs de différentes filières de l’artisanat, en particulier les cordonniers spécialisés dans la fabrication de chaussures sous le label «Dalou Ngaye». Une occasion pour eux de mettre sur la table leurs contraintes. Des contraintes liées, notamment à la commercialisation du produit. Selon Moussa Guèye, gérant de l’entreprise «Cawaan» le produit made in Ngaye, «n’est pas malheureusement, consommé au niveau de l’Etat». Il pense que «c’est un problème d’information peut être, ou bien les autorités ne sont pas convaincues de la qualité de nos produits». Mais indique l’artisan, «soutenir le secteur, c’est aller en Conseil des ministres avec des sacs et des chaussures made in Ngaye». Devant le nouveau patron de l’Apda, Moussa Guèye fera savoir, que les artisans de Mékhé sont capables de prendre en charge les chaussures de toutes les forces de défense et de sécurité. «Nous pouvons régler le problème de chaussures de nos forces de sécurité au Sénégal. Nous demandons à l’Etat de venir tenter l’expérience ne serait-ce que pour qu’une année et nous allons lui montrer que nous avons la possibilité de l’organiser, de faire la commande et de l’exécuter dans les conditions requises». Il a également, signalé les problèmes des artisans liés à l’organisation du secteur, la visibilité, le management et la formation.
A ces difficultés s’ajoutent celles des femmes de l’Association pour la promotion des femmes artisans du Cayor. Selon leur secrétaire général Bigué Wade, «les produits sont là, mais ne se vendent pas, du coup des intermédiaires viennent ici acheter nos produits à bas prix pour les revendre ailleurs, à des prix exorbitants. Toutes raisons qui font que tout le bénéfice de nos produits leur revient». Elle ajoute : «Nous avons des difficultés de trouver des matières premières pour faire notre travail».

Un fonds de garantie pour l’artisanat en vue
En réponse, le nouveau directeur général de l’Apda, Pape Amadou Ndao, fera savoir que «la commande publique est un aboutissement mais en amont, il y a d’abord, la formation des artisans et ensuite leur formalisation». Il explique que «les entreprises artisanales doivent être aux normes et nous les accompagnons à acquérir les compétences et les exigences nécessaires pour revendiquer rigoureusement, la commande publique de l’Etat. Bien entendu le président de la République a demandé qu’on allège. Mais tout compte fait, il y a la rigueur de l’administration et de la gestion des finances qui demeurent et nos artisans doivent pouvoir être aux normes pour pouvoir gagner ces marchés. Et c’est pourquoi l’Onfp est en train de certifier la formation de ces artisans et le 3fpt de financer la formation pour permettre à nos artisans de pouvoir être éligibles». Le nouveau patron de l’Apda fait remarquer, «la commande publique est devenue aujourd’hui, une réalité, car plus d’un milliard de francs Cfa est disponible». Mais indique Papa Amadou Ndao, «pour gagner ces marchés, il faut quand même un minimum d’exigence de respect de la réglementation en vigueur». Sur le problème de commercialisation des artisans, le Dg de l’Apda, annonce que son ministère va organiser un Salon international de l’artisanat du 08 au 13 mai 2017 au Cices dont l’Apda sera le maître d’œuvre. «Le Salon est non seulement un rendez-vous international d’échanges et de partages, mais est aussi un débouché pour nos artisans de pouvoir vendre». Car a-t-il soutenu, «la commercialisation est une contrainte pour nos artisans». Ainsi compte-t-il, accompagner les artisans à travers une campagne de sensibilisation des Sénégalais de consommer les produits locaux. Egalement, de multiplier l’organisation des foires commerciales pour permettre aux artisans de pouvoir vendre aux meilleurs prix pour leur permettre d’avoir des ressources et ainsi perpétuer leur production pour se formaliser, s’organiser et s’agrandir. Au-delà, il a indiqué devant les artisans, que «le président de la République est convaincu que l’artisanat sénégalais peut constituer un des moteurs les plus puissants de notre économie. Ce qui justifie la réalisation des décisions qu’il avait prises à Ngaye le 22 juin 2015 lors de la célébration de la Journée de l’artisanat». Il s’agit de «la construction d’un Centre d’exploitation et de commerce de produits artisanaux dont les travaux sont presque fin prêts». Egalement estime-il, «plus de 150 millions de francs Cfa de matériels ont été distribués aux artisans de Mékhé». Aussi, selon lui, «d’autres projets vont suivre, parce que le Président reste convaincu qu’en accompagnant l’artisanat, il crée une économie locale qui va résorber le gap de chômeurs à Ngaye, surtout dans la région de Thiès,  parce que l’artisanat est devenu aujourd’hui, la solution à la grande question du chômage des jeunes». Par ailleurs, il a annoncé que «le gouvernement sénégalais compte mettre en place un fonds de garantie pour l’artisanat, qui permettrait aux artisans de trouver plus facilement des financements pour leurs projets. Un fonds d’un montant d’un milliard de francs Cfa qui sera mis à la disposition des artisans, par le biais de la commande publique et des parts de marché de l’ordre de 15 % réservés aux acteurs de ce secteur». Outre la nécessité de financements plus conséquents et d’une meilleure formalisation de la filière artisanale, les acteurs ont, selon lui, plus généralement besoin d’être davantage formés pour accéder plus facilement, au marché national et sous régional et mieux écouler leurs produits. «Nous allons accompagner les artisans dans cette perspective, pour qu’ils soient mieux organisés et mieux armés dans l’élaboration de leurs projets et la recherche de financements». Il conclut par louer «le travail des artisans de Ngaye Mékhé, à travers les différentes filières de l’artisanat local : cordonnerie, maroquinerie, poterie, vannerie, mais aussi la coupe-couture, la broderie à la main, la menuiserie et la tannerie avant de réitérer la volonté des pouvoirs publics de faire du secteur de l’artisanat, un des moteurs de la croissance économique du Sénégal».
nfniang@lequotidien.sn