Visite du Pm en Turquie en compagnie du patronat : Toujours Receptif au Sénégal

Sonko assure qu’il ramène d’Ankara, des projets d’investissement qui n’augmentent pas le niveau d’endettement. Or, plusieurs des projets présentés lors de son séjour sur les bords du Bosphore portaient déjà la marque d’accords passés par Macky Sall. Y’aurait-il eu «révision» des contrats ?
Le Premier ministre Ousmane Sonko revient à Dakar les valises bourrées de projets de financement de la part du gouvernement et des entreprises turcs. Le tout, sans avoir alourdi l’endettement du pays. Une jolie prouesse qui mérite d’être fortement relevée en cette période de marasme, où la notation financière du pays est des plus inquiétantes et que le niveau d’endettement du pays est à 119% du Pib. Une situation dont le Premier ministre lui-même nous dit qu’elle est «héritée». De qui, de quoi, comment ? Il le dit lui-même tous les jours.
Les accords de coopération amenés par Sonko et ses ministres au cours de ce voyage chez Erdogan porteraient sur «la coopération financière et militaire, l’énergie, l’industrialisation, la transformation numérique, l’éducation et la recherche, et la souveraineté sanitaire». Face aux Sénégalais de Turquie, le Premier ministre a affirmé qu’ils se sont battus avec les partenaires turcs pour obtenir les conditions les plus avantageuses. Une affirmation qui semble en décalage avec la déclaration officielle faite devant le «Sultan turc» Recep Tayyip, aux côtés duquel il semblait plus à un quémandeur.
Ce dernier d’ailleurs n’a-t-il pas dit son souhait de voir les échanges économiques tripler rapidement ? Sonko, qui a demandé l’ouverture des comptes d’Eximbank Turc, a-t-il vraiment les moyens de pouvoir changer les choses, quand on voit ses priorités ? Pour nombre des projets présentés, on en entendait déjà parler du temps du Président Macky Sall. La relation entre les deux dirigeants était telle qu’elle a valu au Sénégal une bonne partie de projets installés au Pôle urbain de Diamniadio, avec les entreprises turques Summa, Limak, Yapi Merkazi et autres. La coopération militaire marche déjà pas mal, avec des milliards de francs de contrats d’armement pour le compte d’entreprises turques. Le leader de Pastef, en son temps, demandait au Président Erdogan de ne pas vendre au «Sanguinaire Macky Sall» des armes qui devaient lui servir à réprimer les manifestations de patriotes. S’agissant de l’industrialisation, les Sénégalais, en particulier ceux de Bargny-Sendou, se remémorent avec angoisse le projet d’installer une usine de transformation du fer par Tosyali, sur une zone déjà encombrée par une centrale de production électrique à charbon, ainsi que le port minéralier. Le projet, conclu toujours sous Macky Sall, n’a jamais semblé avoir fait l’objet d’une étude d’impact. D’ailleurs, la fameuse centrale à charbon devrait être transformée, selon les anciens dirigeants, en centrale à gaz, une fois que le pays aura une certaine autonomie dans la production dans ce secteur. Or, le Sénégal, qui se vante d’avoir plus de 7500 GWh d’électricité, doit toujours compter sur le navire turc Karpowership, amarré face à l’île de Gorée, pour éviter des ruptures de charge. Quant aux projets d’éducation, le régime de Erdogan avait fait perdre au Sénégal les écoles d’excellence formées par le complexe Yavuz Selim. Macky Sall voulait les rétrocéder à Maarif, qui est sous la houlette du gouvernement turc. Ces nouveaux accords auraient-ils pour but de faire revenir Maarif dans le système éducatif sénégalais à moindre frais ? Tous les projets présentés par les revenus d’Istanbul et d’Ankara ne montrent pas quelque chose de nouveau. Malgré les affirmations du ministre de l’Economie, M. Abdourahmane Sarr, sur le faible risque d’endettement de la part de partenaires intéressés au premier abord par le profit. La seule chose qui ne ressemble pas à du réchauffé, et qui a du sens dans toutes les déclarations, si elle venait à être effective, serait d’appliquer le transfert de technologie à tous les investisseurs, qu’ils fussent turcs ou autres. Ce qui n’alourdira pas l’endettement.
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