Vol de bétail à Vélingara : Un millier de bêtes emportées en 2023

Au cours d’un Forum sur le vol de bétail organisé par la Maison des éleveurs (Mde) de Kolda, section de Vélingara, en collaboration avec Agronomes et vétérinaires sans frontières (Avsf), le Service départemental de l’élevage et des travaux animaux a informé qu’au cours de l’année 2023, 832 cas de vol d’animaux ont été déclarés dans ses services déconcentrés du département. Le forum a proposé des solutions pour que les éleveurs vivent de leur métier.Par Abdoulaye KAMAR(Corréespondant) –
Les chiffres font froid dans le dos : au cours de l’année 2023, 832 bêtes ont été déclarées perdues au niveau des services techniques de l’élevage du département de Vélingara. Ces bêtes ont une valeur marchande de 70 millions de francs Cfa. Les pauvres éleveurs de cette partie de la région de Kolda n’ont pas retrouvé 241 sujets, d’une valeur de 25 millions de francs Cfa. Ces chiffres ne tiennent pas compte des vols transfrontaliers, selon Mme Dianna Mané, experte en santé animale à Agronomes et vétérinaires sans frontières (Avsf). Dr Mané a fait ces révélations au cours d’un Forum sur le vol de bétail organisé jeudi par la Maison des éleveurs (Mde) de Kolda, section de Vélingara. La Mde avait comme collaborateur Avsf pour l’organisation de cette tribune qui a enregistré la participation du Gouverneur de Bassé (Gambie), du Préfet de Pirada (Guinée-Bissau), des autorités administratives du département de Vélingara, ainsi que des services techniques de l’élevage. C’est justement le constat désolant de la récurrence des cas de vol de bétail qui a amené la Mde à organiser ce forum, pour trouver des solutions à ce phénomène qui a fini d’appauvrir les ménages du Fouladou, qui sont essentiellement constitués d’agropasteurs.
Issaga Mballo, président de la Mde de Kolda, a noté : «Chaque jour, des cas de vol sont enregistrés dans le département. Les bovins, les ovins, les caprins et les asins sont soutirés à leurs propriétaires qui sont désarmés et impuissants devant le phénomène. Comme souvent la destination supposée desdits voleurs est les pays frontaliers (Gambie et Guinée-Bissau), nous avons invité les autorités de ces pays pour trouver ensemble une solution au problème.»
Le forum a tenté d’identifier les causes du vol. Les causes sont liées à la pauvreté, à l’effritement des mœurs, à la prolifération des armes légères, à la porosité des frontières, au défaut de dénonciation, à la motorisation des voleurs, à l’abattage clandestin… Tout cela facilité par l’essoufflement des comités de vigilance mis en place pour lutter contre le phénomène.
Aussi le forum a-t-il fait des recommandations pour sortir les éleveurs de cet engrenage qui les affaiblit économiquement, jour après jour.
Le président départemental des chefs de village a suggéré d’autoriser ses collègues à délivrer des attestations de vente pour contrôler la circulation des bêtes dans l’espace du département. Aliou Badara Baldé a aussi proposé de limiter l’heure de circulation des tricycles et des motos car, à l’en croire, les voleurs louent les services de ces engins pour le transport des animaux volés.
Le Préfet de Pirada (Guinée-Bissau), Mamadou Diao, a suggéré au gouvernement du Sénégal de renforcer la présence des Forces de sécurité le long de la frontière, comme l’a fait son pays.
Pour l’adjoint du Préfet de Vélingara, Mamadou Lamine Ngom, qui a présidé la rencontre, «il faut redynamiser les comités de surveillance contre le vol de bétail, et mieux, créer des comités transfrontaliers contre le phénomène et inviter les populations à dénoncer et signaler les voleurs. Ensuite, on peut mettre des puces électroniques sur les animaux pour les retrouver en cas de perte». Il a ajouté : «Les recommandations issues de ce forum seront consignées dans un document à distribuer aux autorités des 3 pays et créer un comité de suivi pour leur mise en œuvre.»
Un forum que le Gouverneur de Bassé (Gambie), Mamadou Ly Cissé, a souhaité accueillir dans son pays pour mieux sensibiliser ses compatriotes et donner de l’espoir aux éleveurs de ce pays qui sont également éprouvés par le phénomène.
akamara@lequotidien.sn