Trois agents du centre hospitalier régional El Hadji Ahmadou Sakhir Ndiéguène sont en garde à vue pour vol présumé d’obus d’oxygène. Un nouveau scandale qui donne raison au chef du Service Oto-rhino-laryngologie (Orl), Dr Ndiassé Kâ, de la structure sanitaire qui estimait qu’«il y a beaucoup de mafia au sein du centre hospitalier régional de Thiès».

La série de scandales au centre hospitalier régional El Hadji Ahmadou Sakhir Ndiéguène de Thiès se poursuit. Cette fois-ci, ce sont le brancardier Gorgui Sarr, en service à la médecine interne, le chef du Service maintenance Pape Sala Faye, et le chef du Département froid Ablaye Sow, qui ont été arrêtés et placés en garde à vue au commissariat du 1e arrondissement de Thiès pour vol présumé d’obus d’oxygène commis au centre hospitalier régional, suite à une plainte du directeur de l’hôpital, Babacar Mané. Lequel a été informé de la disparition de 7 concentrateurs d’oxygène sur les 11 reçus au titre de dons et destinés aux malades de l’hôpital. L’un des présumés auteurs de ces faits, le brancardier en l’occurrence, a été le premier à être interpellé le 4 septembre dernier, juste à hauteur de la porte principale de l’établissement hospitalier, par les services de sécurité de ladite structure sanitaire, alors qu’il quittait son lieu de travail. Gorgui Sarr détenait par-devers lui des obus d’oxygène qui sont utilisés au niveau du bloc opératoire et du service de réanimation. Conduit à la police du 1e arrondissement, il a indexé Pape Sala Faye et Ablaye Sow comme étant les «cerveaux» de cette affaire de vol d’obus d’oxygène. Un produit qui, selon des éléments de l’enquête, est «un gaz médical qui aurait été vendu à des structures sanitaires privées (cliniques) de la ville de Thiès». Pour l’heure, les camarades syndicalistes des mis en cause qui seront déférés aujourd’hui au Parquet «seraient en train de mettre vigoureusement la pression sur certaines autorités pour faire libérer les trois agents».
Une affaire qui fait grand bruit à l’hôpital régional, encore secoué par ce énième scandale. On se rappelle d’ailleurs la récente affaire d’accusations et de contre-accusations d’«escroquerie médicale» au mois de mai, impliquant le major du Service Orl Dr Moustapha Faye qui a été placé sous mandat de dépôt par le procureur de la République. Une affaire qui avait déclenché une grève illimitée par le personnel de l’établissement sanitaire qui s’offusquait du fait que le major, cité dans l’affaire, ait été redéployé pour «motif d’incompétence», et pis, reconduit comme «simple infirmier». Une grève qui avait duré des semaines, paralysant l’hôpital où seules les urgences étaient assurées. Les syndicalistes exigeaient de leur direction «l’annulation de la note de redéploiement du major du Service Oto-rhino-laryngologie (Orl)» parce que, disaient-ils, «le major du service en question, par ailleurs responsable des infirmiers et sages-femmes, est relevé de ses fonctions parce que simplement il s’opposait aux pratiques peu orthodoxes de son supérieur, le chef de service». En effet, dénonçaient-ils, «le médecin-chef du service, Dr Ndiassé Ndiaye, officie aussi ailleurs, hors de l’hôpital régional, dans une clinique qui est la sienne. Il se fait lui-même des clients, en orientant les patients venus se faire soigner à l’hôpital El Hadji Ahmadou Sakhir Ndiéguène vers sa clinique» pour, soulignaient-ils, «faire fortune». Ils pensent que c’est une «procédure immorale, blâmable», qui dénote d’une certaine forme d’«escroquerie médicale». Des allégations qui feront sortir de ses gonds Dr Ndiassé Ndiaye, lequel s’en était totalement inscrit en faux. Le chef du Service d’Orl rétorquait sans ambages : «Il y a beaucoup de mafia au sein du centre hospitalier régional de Thiès.» La vérité des faits, avait-il laissé entendre, «c’est qu’on m’avait signalé des malversations au sein de l’hôpital, en particulier au Service radiologie et scanner, mais je n’avais pas réagi parce que je voulais des preuves. Un jour, j’ai reçu un patient qui était venu de Touba, et quand je lui ai demandé à quel niveau il avait payé, il m’a clairement fait savoir s’être acquitté de son devoir auprès des éléments du Sutsas au Service radiologie pour le montant de 20 mille F Cfa». Ce qui voulait dire, croyait-il ferme, qu’«il y avait des caisses parallèles au Service radiologie et scanner. J’ai signalé cette faute à la direction, puis viré le major, car il était au courant des magouilles qui se faisaient dans l’hôpital». Dr Ndiaye dénonçait les informations distillées par les responsables syndicaux du Sutsas, Pape Mor Ndiaye et Rassoul Ba, selon lesquelles il aurait refusé d’orienter des patients «vers ma clinique». Main sur le saint Coran, il avait juré n’avoir jamais demandé à quiconque de lui amener des patients. D’ailleurs, tenait-il surtout à préciser, «je n’ai même pas de clinique, je suis prestataire de services légal».