Volker Schlöndorff, monument du cinéma allemand : «Le cinéma africain va renaître probablement par le biais des séries»

Le cinéma africain va renaître certainement avec les séries, de l’avis du cinéaste allemand, Volker Schlöndorff. Il participait, mercredi, à une rencontre d’échanges, à la maison de la culture Douta Seck de Dakar. Son séjour au Sénégal entre dans le cadre de la réalisation d’un documentaire sur les nouvelles méthodes d’agriculture au Mali, en Tanzanie, au Niger, au Ghana…
Les séries sénégalaises, Infidèles, Maîtresse d’un homme marié, Golden pour ne citer que celles-là, cartonnent sur le continent africain et dans la diaspora. Elles arrivent à une ère où les salles de cinéma sont toutes pratiquement transformées en centres commerciaux. «C’est probablement par le biais des séries que le cinéma africain va renaître», c’est l’avis d’un connaisseur du domaine, le cinéaste allemand Volker Schlöndorff. Il explique cela par le fait que certes, le cinéma professionnel d’une façon générale dans le monde souffre parce qu’il est remplacé par les séries mais dit-il, l’Afrique a une grande chance d’être en pointe, avec un immense public et des talents pour faire les films.
A la question d’un intervenant qu’est-ce qu’on a le droit de dire ou de ne pas dire ? Il répond que c’est à l’artiste de décider, car c’est une question d’éthique personnelle s’agissant de ce qu’il faut montrer et ce qu’il faut dire.
En séjour au Sénégal dans le cadre de la réalisation d’un film, il a été invité, mercredi à la Maison de la culture Douta Seck, à une rencontre d’échanges avec les cinéphiles sénégalais. «A l’origine de mon projet, c’est évidemment aussi comment permettre aux gens de vivre dans leur pays plutôt que de chercher leur salut dans l’émigration, et c’est ce qui est formidable avec Atlantique (de la réalisatrice Mati Diop), La Pirogue (du réalisateur Moussa Touré) et d’autres films africains. Maintenant on a voulu montrer ce problème du point de vue africain. Ça, c’est très important pour l’Europe et pour le reste du monde pour voir combien les pays de départ de la migration en souffrent plus que ceux où les migrants arrivent», a déclaré Volker Schlöndorff.
Ce dernier a dévoilé que son travail qui l’a mené d’abord au Mali, en Tanzanie, au Niger, au Ghana, est consacré à un documentaire sur les nouvelles méthodes d’agriculture. Il s’agit de voir, selon lui, comment faire pour que les 350 millions de petits paysans et leurs familles qui vivent encore dans le grand Sahel puissent continuer à subsister avec leurs hectares de terrain. Par ailleurs, il a souligné que la question de l’identité est une thématique récurrente dans ses productions.
Revenant sur ses débuts, Volker Schlöndorff a révélé au public qu’il «n’y a rien qui le pointait vers le cinéma, c’est plutôt le spectacle qui l’intéressait». A l’âge de 15 à 16 ans, l’adolescent quitte son pays pour aller apprendre le français en France pour 2 mois, il y reste finalement pendant 10 ans. Agé aujourd’hui de 82 ans, Volker Schlöndorff a réalisé son premier film à 25 ans.