Ousmane Sonko vote l’abstention en ce qui concerne le projet de loi d’habilitation qui passe aujourd’hui à l’Assemblée nationale. Pour lui, cette loi conférerait au président de la République, Macky Sall, des pouvoirs «exceptionnels» en toute matière, dépassant largement le seul cadre de la lutte contre le Covid-19 et ses implications sociales et économiques.

Ousmane Sonko ne va pas voter le projet de loi d’habilitation. Dans une déclaration, le député a avancé les raisons qui l’ont poussé à opter pour l’abstention. Il estime que cette loi concentrerait entre les mains d’un «seul homme», une manne financière dont le montant n’est pas spécifié dans le projet. Elle conférerait, ajoute-t-il, au président de la République des pouvoirs «exceptionnels» en toute matière, dépassant largement le seul cadre de la lutte contre le Covid-19 et ses implications sociales et économiques. Pour le leader de Pastef, comme il l’a suggéré au chef de l’Etat lors de son audience avec lui, la loi d’habilitation n’est pas précédée de la présentation d’un plan de lutte permettant d’en saisir les détails. Autrement dit que le chef de l’Etat présente au Peuple sénégalais et à sa représentation parlementaire, un plan-programme très précis, chiffré et adossé à un chronogramme d’exécution. «C’est ce qui se fait dans toute démocratie respectable et affirmée», déclare Sonko. «La solidarité dans la lutte contre le Covid-19 est nécessaire. Nous le concevons. Mais, pour paraphraser Francesco Alberoni, elle ne doit pas se transformer en une coalition d’égoïsmes où les acteurs se taisent sur les violations allègres de la loi et les mauvaises pratiques républicaines pour faire bon genre dans le contexte actuel», ajoute-t-il. Pour le parlementaire, cette loi n’est non plus pas précédée de la présentation à l’Assemblée nationale d’un projet de loi de finances rectificative. De son avis, elle poserait des problèmes «sérieux» de contrôle a posteriori. Par ailleurs, il soutient qu’en «conséquence, puisque la situation sanitaire leur sert de prétexte pour procéder au tri des députés «autorisés» à assister aux travaux de commission et à la plénière, qu’à ce motif je fais partie de la grande majorité des députés «exclus» de ces travaux».