Chers concitoyennes, chers concitoyens,
Ce dimanche 31 juillet 2022, l’histoire nous donne encore une nouvelle opportunité pour enfin positionner notre pays sur de meilleurs rails, pour un meilleur vivre-ensemble dans la Justice, la paix et la liberté, et l’amélioration de nos conditions de vie.
A la veille de cet important évènement démocratique, il serait bon de s’arrêter un moment sur l’état de notre démocratie. Malgré les déclarations grandiloquentes et autres autoglorifications, notre pays est considéré comme ayant un régime de type hybride (ni démocratique ni autoritaire), se classant 12e en Afrique, loin derrière des pays comme Maurice (pays de «pleine démocratie») et le Botswana, le Cap-Vert, l’Afrique du Sud, la Namibie, le Ghana et le Lesotho (considérés comme des «démocraties imparfaites»)1. Selon l’Economist intelligence unit, qui a réalisé cette étude sur les régimes politiques dans le monde, les régimes hybrides ont des caractéristiques telles :  des élections qui présentent des irrégularités substantielles qui les empêchent souvent d’être à la fois libres et justes, la pression du gouvernement sur les partis d’opposition et les candidats, les faiblesses sérieuses dans la culture politique, le fonctionnement du gouvernement et la participation politique, la corruption qui a tendance à être généralisée et l’Etat de Droit faible, une Société civile faible, des journalistes harcelés et qui font l’objet de pressions, et le pouvoir judiciaire qui n’est pas indépendant.
Il n’est pas ainsi étonnant que le Sénégal soit classé pays à régime hybride au regard des multiples dysfonctionnements de notre système politique : système inique de parrainage rejeté par la Cour de justice de la Cedeao, blocage des cartes des jeunes lors de la Présidentielle de 2019, emprisonnement des potentiels candidats les plus en vue avant l’élection présidentielle de 2019 , corruption et menaces d’emprisonnement à l’endroit d’hommes et de femmes politiques pour qu’ils rejoignent le pouvoir, culture politique basée sur le clientélisme, hypertrophie du pouvoir présidentiel, des ministres qui ont peu de pouvoir, peu d’espace pour la participation citoyenne, etc.
Chers compatriotes, en tant que citoyens appelés périodiquement à exercer notre droit de choisir ceux qui doivent nous diriger, chacune et chacun d’entre nous a une responsabilité sur la situation de la gouvernance politique, économique et sociale du pays.
Un des arguments majeurs de campagne du camp présidentiel lors de la campagne électorale en cours est qu’une victoire de l’opposition entraînerait l’arrêt des chantiers du président de la République. Ceci ne fait que confirmer la situation de notre «démocratie» car en vérité, dans les pays vraiment démocratiques, l’essentiel de ces chantiers dont ils font référence sont réalisés par les collectivités locales à qui l’Etat central, n’étant pas obnubilé par l’utilisation politicienne des investissements publics, a transféré de façon effective de larges compétences.
En vérité, Macky Sall, comme tous les présidents de la République qui viendront après lui, doit être limité dans ses pouvoirs, y compris pour les choix institutionnels et économiques majeurs qui engagent le pays sur plusieurs décennies et générations, et qu’il fait et met en œuvre sans aucun débat sérieux dans une Assemblée nationale jusqu’ici totalement acquise à sa cause. L’hyper-présidentialisme actuel est un danger pour la sécurité politique, économique et sociale du Sénégal, dans un contexte mondial de plus en plus rude où les Etats et les puissances économiques internationales privées tentent de capter les décideurs des pays pour les mettre au service de leurs intérêts.
Pour rappel, cet hyper-présidentialisme, avec une Assemblée nationale asservie, a conduit le pays au bord du précipice avec les évènements du 23 juin 2011. Dans ce sillage, les résultats de ces élections législatives de ce dimanche 31 juillet 2022 pourraient également soit présenter un danger pour le Sénégal, soit éclaircir notre horizon en termes de progrès démocratique et surtout de sauvegarde de la paix et de la stabilité du pays. Lors d’un précèdent article, j’écrivais que la décision d’engager ou non le bras de fer pour un 3e mandat dépend moins du vouloir du Président en exercice -parce qu’en vérité dans leur écrasante majorité, ils voudraient tous être Président à vie-, mais plus de l’évaluation que ce Président fait de la faisabilité de la tentative. Il ressort des dernières élections locales que le message des électeurs n’a pas été assez clair, car Macky Sall considère que le peuple dans sa majorité continue de lui faire confiance. Il a ainsi décidé de poursuivre son agenda, dénonçant publiquement le principe de la limitation des mandats et amenant le Sénégal à refuser de signer la charte de la Cedeao sur la limitation à deux des mandats des chefs d’Etat dans la zone.
Aussi, chers compatriotes, ce dimanche 31 juillet, voter pour l’intérêt de notre pays sera de voter pour l’opposition, pour enfin doter notre pays d’une véritable Assemblée nationale et rééquilibrer les pouvoirs comme dans une véritable démocratie, mais aussi pour sauvegarder notre Nation d’une nouvelle tentative du 3e mandat, source d’instabilité.
Bon vote et vive le Sénégal !
Ousmane NDOYE
Votre Concitoyen
ous_2000@yahoo.com

1 Democracy Index 2021 – Economist Intelligence Unit :
https://pages.eiu.com/rs/753-RIQ-438/images/eiu-democracy-index-2021.pdf?mkt_tok=NzUzLVJJUS00MzgAAAGChBYrRmMkP9OBsm7ErHVZdMWMECrw3rfeMIzrLJCpA3kwGRd2Wlab890-uJWYMRLd1E0e9kem8MBgW7_bpWUikq7XPsNVT3PYdaWwi7QHPtI