Agacées par la longue attente et la «non-application» des décisions de justice, défavorables au promoteur qui a détruit leurs maisons, les victimes de démolition de Gadaye ont investi hier le site en question pour faire des travaux de bornage. Mais elles ont été évacuées par le préfet de Guédiawaye et les flics.

A Gadaye Extension, la tension ne retombe pas. Lassé par la longue date, le Collectif des victimes de Gadaye, qui avait déversé sa colère au Palais de justice la semaine dernière après le troisième renvoi de leur procès en appel, est retourné sur le site hier pour effectuer les travaux de bornage. Mais ces victimes ont été freinées dans leur élan par la police et le préfet de Guédiawaye. Armés jusqu’aux dents, les flics de Yeumbeul et de Wakhinane Nimzatt ont réussi à arrêter les travaux. En attendant, les populations impactées ne sont pas au bout de leur peine et restent déterminées à poursuivre ce combat d’une vie. Bara Sow, chargé de communication du Collectif des 52 familles de Gadaye, par ailleurs vice-président de la structure, ne démord pas : «C’est insensé. Nos maisons ont été démolies par le promoteur Mbaye Fall, qui a été attrait devant la justice avant d’être condamné à 2 ans ferme plus une contrainte par corps, et 2 milliards de francs Cfa à verser aux victimes, suivi d’un mandat d’arrêt. A notre grande surprise, non seulement il n’a pas été arrêté, mais il se permet de faire appel. Plus de 3 fois, on a fait renvoyer ce dossier parce que tout simplement le juge nous a dit clairement qu’il ne peut pas le juger tant qu’il n’est pas inculpé (Sic). Son avocat dit que son client ne peut pas être emprisonné parce qu’il n’a pas vu le mandat d’arrêt.» A leurs yeux, le dossier est devenu «nébuleux» à cause de nombreux rebondissements. Malgré la démonstration de «force» de la police, les «déguerpis» de Gadaye ne renoncent pas. «La police et le préfet nous ont interpellés pour nous demander de leur permettre de faire le rapport auprès de l’autorité compétente pour rendre compte. Nous avons accepté, mais nous tenons à dire que le 5 novembre, si le promoteur Mbaye Fall n’est pas arrêté, nous allons borner nos terrains et nous serons prêts à faire face à toutes les éventualités. Qu’il nous jette en prison parce qu’on ne peut pas comprendre pourquoi Mbaye Fall n’est toujours pas mis hors d’état de nuire. Cela nous inquiète. On ne sait pas à quel saint se vouer. La situation est grave. On ne comprend plus rien de la justice malgré tous les efforts que nous avons faits en respectant la procédure. C’est une honte.» En écho, Babacar Mbaye Garaff, coordonnateur du mouvement Alliance pour sauver le Sénégal, estime que la situation est inquiétante dans ce pays. «Il y a un crise d’autorité dans ce pays. La justice a une difficulté à départager ou à trancher. Et voilà ce qui arrive quand des autorités de ce pays piétinent la justice sans problème. Et le cas de Mbaye Fall est un exemple patent. Il y a de quoi avoir peur. Et si cela persiste, ça peut provoquer une révolte. Et nous interpellons Serigne Bassirou Guèye (procureur de la République) pour qu’il règle ce problème ainsi que le chef de l’Etat», dit M. Mbaye.
latifmansaraylequotidien.sn