Le 37e Festival international de cinéma «Vues d’Afrique» s’est ouvert vendredi 9 avril, avec une cérémonie en ligne, en direct de Montréal, au Québec, mais aussi de la Côte d’Ivoire, de la RDC et du Sénégal, pour «un public à travers le monde». Cette deuxième édition numérique propose jusqu’au 18 avril une centaine de films de plus de 30 pays d’Afrique et des Caraïbes.
Depuis 37 ans, Vues d’Afrique, le rendez-vous incontournable du cinéma africain en Amérique du Nord, invite son public à découvrir une autre image de l’Afrique. Ce vendredi 9 avril 2021, lors de la cérémonie d’ouverture en ligne, Gérard Le Chêne, Pdg international de Vues d’Afrique, a affirmé que le festival «a bouffé du lion» pour assurer cette 37e édition, malgré la pandémie. La journaliste et militante congolaise et panafricaine Maud-Salomé Ekila est cette année la marraine du festival où, pour la première fois, sera décerné un prix au service de l’égalité entre les femmes et les hommes. Avec sa programmation, Vues d’Afrique ambitionne de nous faire «rencontrer des femmes remarquables», «briser les tabous», alerter «sur la violence conjugale» et offrir l’occasion d’«une prise de conscience cruciale». L’année dernière, surpris par la pandémie de Covid-19, les organisateurs avaient courageusement transformé la rupture culturelle provoquée par le coronavirus en succès populaire avec un festival numérique très apprécié par le public.
«Terre des braves», premier film venu de la Namibie
Cette année, parmi les pépites à trouver pendant les dix jours (en ligne, mais avec une restriction géolocalisée), on trouve Terre des braves, le premier film venu de la Namibie, racontant les aventures d’une policière à la poursuite d’un tueur. Ce thriller réalisé par Tim Huebschle fait partie des onze longs métrages en compétition provenant aussi de l’Algérie, du Cameroun, du Maroc, du Mozambique… Matares, de Rachid Benhadj, nous permet de faire connaissance d’une fille ivoirienne qui vit avec sa mère en Algérie, à Tipasa. Leur projet ? Rejoindre le père en Italie. Pour cela, elle se transforme en vendeuse de fleurs, mais fait ainsi concurrence à Saïd, un petit garçon algérien. Très vite, le conflit entre enfants dégénère en querelle religieuse. Laurent Vedrine aborde la question sensible de la restitution. La statue du dieu Gou, sculpture depuis longtemps réclamée par le Bénin, est au centre de son documentaire Dieu Gou, le retour d’une statue. Ainsi, il met à l’épreuve l’engagement fait par le Président français Emmanuel Macron, à Ouagadougou, en novembre 2017, de restituer aux pays africains des œuvres d’art spoliées.
Un combat pour l’émancipation et contre une épidémie mystérieuse
La grande muraille verte évoque un projet utopique en Afrique, planter un mur d’arbres sur 8 000 kilomètres pour améliorer aussi bien des problèmes climatiques que sociaux de millions d’Africains concernés par ce projet ambitieux. Dans ce documentaire, c’est la chanteuse Inna Modja (French Cancan – Monsieur Sainte Nitouche) qui donne de la voix à cette histoire réveillant l’espoir. Mofiala, un film d’animation togolais réalisé par Boris Kpadenou, raconte l’histoire d’un combat pour l’émancipation, mais aussi la lutte contre une épidémie mystérieuse. C’est justement Mofiala, jadis envoyée par sa mère, contre l’avis de son père, étudier en ville pour y étudier la bactériologie, qui sera au front pour combattre cette maladie d’origine inconnue. Depuis sa création, le Festival Vues d’Afrique a toujours fonctionné en très étroite collaboration avec le Fespaco au Burkina Faso, le plus grand festival panafricain de cinéma au monde. Suite au report sine die de la voix du cinéma africain, Vues d’Afrique se voit cette année en quelque sorte confier le rôle de locomotive pour le cinéma africain.
Rfi