Abdoulaye Wade aussi s’y met pour conseiller à son successeur de ne pas suivre les jusqu’au-boutistes qui sont autour de lui. L’ancien Président met dans le lot Antoine Diome, qu’il qualifie de «magistrat couché».

Karim avait déjà parlé dans la journée. Son père aussi s’est exprimé, mais dans la soirée, sur la crise politique engendrée par l’affaire Sonko. Abdoulaye Wade rappelle d’abord avoir pris la défense du leader de Pastef, en proclamant la «solidarité agissante» de son parti et en s’opposant à la levée de son immunité parlementaire. Ensuite, il met en avant son «devoir de patriarche» pour lancer un appel «au calme» et aider à ce que cette question soit résolue «de manière démocratique dans le respect de la présomption d’innocence».
A son successeur à la tête de l’Etat, il demande de «faire respecter la loi qui prescrit que tout citoyen est présumé innocent jusqu’à ce qu’il soit déclaré coupable par un tribunal équitable, à travers un procès public, contradictoire dans le respect absolu des droits du prévenu et ceux de la défense». Me Wade plonge dans le passé en rappelant que plusieurs fois Abdou Diouf l’a envoyé en prison, sans «jamais suivre ses jusqu’au-boutistes qui, avec l’ivresse du pouvoir, sont en général incapables de gagner honnêtement leur vie par le travail et ont choisi de profiter du pouvoir pour s’enrichir».
Le Secrétaire général du Parti démocratique sénégalais de prodiguer des conseils au chef de l’Etat : «Monsieur le Président Macky Sall, vous avez aussi autour de vous des jusqu’au-boutistes comme il en existe toujours autour de tous les Présidents. Vous avez le devoir de les écouter mais ne les suivez pas car eux, ils n’ont rien à perdre ; dès que ça va chauffer, ils vous trahiront et se rendront à l’adversaire pour sauvegarder des intérêts.» Parmi eux, Me Wade n’a pas oublié le ministre de l’Intérieur actuel, alors procureur spécial à la Cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei). «N’écoutez pas des magistrats couchés comme Antoine Felix Diome dans l’affaire de Karim Wade. Certains magistrats tentent de deviner ce qui peut faire plaisir au Président et le font avec zèle, mais ils manquent de sincérité», a-t-il ajouté. L’ancien Président espère être suivi par les deux parties qui, «au-delà des prises de position passionnelles, auront à cœur de privilégier le droit et d’éviter la confrontation avec son cortège de morts, de destructions de biens de l’Etat et de patrimoines de paisibles citoyens». A Macky Sall, il conclut : «Vous aurez permis à notre pays de réussir une passe difficile et de montrer une fois de plus qu’il sait surmonter les épreuves les plus difficiles, notamment celles qui résultent de la passion de l’adversité politique.»