Les objectifs de manipulation du «parle-ment-taire» sont assis sur son identification à un camp qui n’est pas celui du Peuple souverain.
C’est pourquoi, redorer l’image de l’Assemblée nationale du Sénégal demande des choix objectifs, conformément à ce qui est attendu d’un député, pour compromettre toute idée, même embryonnaire, de nous emballer dans un éternel recommencement.
Quand l’opposition cherche la cohabitation avec un pouvoir qui piste une majorité, l’intérêt du Peuple se trouve beaucoup plus dans la prospection de profils capables de jouer le véritable rôle d’un parlementaire, dans sa plénitude.
Donc, une majorité qui sert à affaiblir (opposition) ou à imposer (pouvoir) est une entente directe, non pas de cohérence mais de cohésion politicienne, calculée sur les seules bases de sa conquête. Et le Peuple sénégalais ne mérite vraiment pas d’être un intrant tenaillé par une gastronomie politicienne prête à le cuisiner par la prédation de ses voix électives.
En clair, les toutes dernières législatures (XII et XIII) ont débité les insuffisances de plusieurs députés de sorte à dépiter le Peuple sénégalais au point que d’aucuns aient agité l’idée de déployer à l’Assemblée nationale des assistants parlementaires.
Un sujet qui ne devrait l’être si le profilage d’une représentation nationale honorable était placé bien au-delà du clientélisme politique.
En toute objectivité et pour renverser la tendance, la préoccupation des opposants doit être moins la cohabitation que la restauration d’un hémicycle dont la locomotive sera, non pas la coercition, mais l’agrégation de voix à inscrire le gouvernement au rang des priorités, pour le temps que cela devrait prendre.
C’est à se demander si les investitures aux Législatives sont à critériser sur la même échelle des Locales, avec toutes les bisbilles que cela a dévoilées au sein des partis et coalitions de partis politiques notamment.
Doit-on choisir des députés comme on choisit des élus locaux ou comme on a toujours élu des députés ?
Une réponse dans une ribambelle de lignes…
—- On n’élit pas des managers locaux mais des défenseurs nationaux. Maintenant, un député qui y va pour focaliser sa défense sur une localité, une mouvance politique ou sur toute autre appartenance qui n’est pas le pluriel (miniature) du Peuple sénégalais enterre de facto tous ses droits et obligations parlementaires en une sinécure.
—- L’Assemblée nationale doit être un centre d’impulsion d’un développement durable par l’exploration des politiques publi­ques coordonnées, même si celles-ci ne sont pas toujours concertées. Mais le seul fait qu’elles concernent tout le monde appelle à l’implication de personnes avisées.
—- Initier des propositions de lois, voter des projets de lois, contrôler l’action du gouvernement, suivre et évaluer des politiques publiques supposent savoir lire entre les lignes, en application d’une dotation technique qui n’est pas le propre de tout le monde.
Un député n’est pas un citoyen à trouver sur le tas intellectuel. Un prétendant à un siège à l’Assemblée nationale n’a pas forcément besoin d’un assistant parlementaire : exigence d’une documentation à la hauteur des enjeux.
En vérité, un député doit être un cadre techniquement bon pour répondre fidèlement et solidairement de ses obligations envers le Peuple.
Il n’est donc d’ancrage politique ou d’antécédents de visibilité pour l’être. Mais, il s’agit, par-dessus tout, d’une personne éclairée qui sait ouvrir (ou participer à) des pistes favorables à l’éclosion des idées.
Le choix des candidats à investir aux Législatives doit être plus rigoureux, pour un mandat moins partisan.
En effet, s’il est à concéder la prospection, l’entretien ou le maintien de bases politiques dans le cadre des élections territoriales, la dimension des Législatives transcende véritablement cette limite plus ou moins objective, en ce que celles-ci participent à la maturation des projets politiques des appareils en compétition.
Tous ceux qui concourent à la XIVe législature devraient tirer toutes les conséquences des précédentes.
Au sein des partis politiques, de la Société civile, des coalitions de partis politiques, etc., les cadres doivent prendre cette question à bras-le-corps. La gymnastique de l’esprit à laquelle il faudrait sacrifier, pour des lectures comparées ou critiques de projets de lois, des questions écrites ou orales au gouvernement, etc. devant un Peuple qui ne demande plus mais exige des comptes, est un travail de titan.
Le niveau d’information et de formation des Sénégalais n’est plus à démontrer et ils ont été dépités ; pas plus d’une fois encore.
Pour l’intérêt supérieur de la Nation :
1—l’opposition et le pouvoir doivent se donner les moyens de promouvoir les profils qu’il sied (casting), pour relooker la représentation nationale à la dimension des challenges qui attendent réellement un député 2022 ;
2—le Président Macky Sall doit organiser sa succession et ne pas tenter, pour qu’une première fois (catching) de l’histoire du Sénégal, les électeurs aillent aux urnes en 2024 pour et non contre un Président. Car les alternances ont été jusque-là plus marquées au Sénégal par la volonté de démettre un président de la République que d’en mettre un à juste titre.
Papa DIOP
papaddiop@gmail.com