La coalition Yewwi askan wi s’effrite. Bës du ñakk a claqué la porte. Le parti de Serigne Mansour Sy Djamil, mécontent de la façon dont les listes ont été conçues, appelle à voter contre les candidats de Sonko et compagnie.Par Malick GAYE –

C’est une défection de taille dans les rangs de la coalition Yewwi askan wi (Yaw). Bës du ñakk, la formation politique dirigée par Serigne Mansour Sy Djamil, quitte ce rassemblement de l’opposition. Serigne Mansour Sy Djamil n’a pas digéré «l’élimination des militants de Bës du ñakk dans la confection des listes départementales de la coalition Yewwi askan wi (Yaw), la disqualification de la liste nationale du fait de l’amateurisme des personnes chargées de l’établissement des listes des candidats de la coalition Yaw, la non-prise en compte du poids électoral de Bës du ñakk». Par conséquent, le guide religieux et non moins homme politique compte barrer la route à ses désormais ancien alliés. «Ne pas voter Yaw : le parti Bës du ñakk invite ses militants, ses électeurs et tous les citoyens épris de transparence et de démocratie à en faire autant», dit le communiqué détaillant les motivations qui ont poussé Bës du ñakk à claquer la porte.
Sur l’avenir de son parti, Serigne Mansour Djamil affirme qu’il continue «la réflexion pour choisir l’alliance la plus adéquate afin de déjouer la tentative de mise à mort politique du parti Bës du ñakk et lui permettre de jouer pleinement le rôle que le Peuple sénégalais attend de lui».
Pour bon nombre d’observateurs de la scène politique, cette séparation était prévisible tant la différence idéologique et comportementale entre les leaders était abyssale. Dès l’annonce de la venue de Serigne Mansour Sy Djamil dans la coalition de l’opposition, ils étaient nombreux à s’interroger sur la durée de ce compagnonnage contre-nature. En effet, Serigne Mansour Sy Djamil, d’ordinaire tempéré et calme, devait s’entendre dans la démarche avec des gens que l’opinion qualifie de sulfureux. Finalement, ils n’ont cheminé que quelques mois. La fracture a commencé lors de la conception des listes des candidats. Pour Ousmane Sonko, il fallait faire une place de choix aux partis les plus représentatifs et qui mobilisent dans les différentes manifestations de Yaw. Des critères qui excluent des partis comme Bës du ñakk. «Dès la première réunion de la Conférence des leaders, je me suis senti au milieu d’un complot dont j’ignore les vrais acteurs. J’ai eu dans les coalitions du monde, une expérience politique très riche. Mais, je ne me suis jamais senti aussi insulté et humilié que dans les réunions d’une coalition à laquelle j’ai cru de toutes mes forces. En âme et conscience, Khalifa croit-il que je mérite vraiment la 15e place sur la liste nationale, derrière Saliou Sarr, Déthié Fall, des gens que j’ai dirigés dans la coalition Taxawu, alors que Khalifa Sall était en prison ?», avait  dénoncé Serigne Mansour Sy Djamil le 22 mai dernier.
Cette sortie de Bës du ñakk ne semble pas ébranler Yaw. Ousseynou Ly, membre de la cellule de communication de Yaw, a réagi sur la Rfm. «Bës du ñakk est une formation politique qui a toute la légitimité de choisir son adhésion ou son orientation politique avec une coalition. Du moment qu’elle a pu faire son évaluation du compagnonnage avec Yewwi pour en tirer la conclusion de mettre fin à cette collaboration, ils sont dans leur droit le plus absolu.»
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