Le Sénégal, et surtout Dakar, retient encore son souffle. Les appels à la résistance lancés par Yewwi askan wi lors du procès en Appel de Barthélemy Dias, conjugués aux multiples rejets des listes de l’opposition, font craindre un 10 novembre chaud comme début mars dernier.Par Hamath KANE

– Parlera-t-on d’«événements de novembre» comme des «émeutes de mars» ? C’est la crainte qui plane sur le Sénégal avec ce procès en Appel de Barthélemy Dias qui retient toutes les attentions. Il y a quelques mois, Ousmane Sonko avait lancé des appels à la résistance suite aux accusations de viol de la masseuse Adji Sarr contre lui. Le leader de Pastef avait alors été convoqué par le juge. Entre le chemin de son choix et celui des Forces de l’ordre, c’est le Sénégal qui a fini en feu et en flamme. Ce matin aussi du 10 novembre, c’est Barthélemy Dias qui compte mobiliser ses hommes au Palais de justice de Dakar et ailleurs. Mais c’est aussi le leader de Pastef, celui de Taxawu Senegaal et leur coalition Yewwi askan wi qui veulent mobiliser leurs militants. Le concerné Barthélemy Dias a, lui, choisi de faire face au juge, de se faire juger, mais pas d’entendre un autre renvoi. «Je suis un homme politique et père de famille. J’ai besoin de pouvoir laver mon honneur. Je n’ai aucun intérêt aujourd’hui à fuir mes responsabilités», avait servi le candidat de Yewwi askan wi à la Ville de Dakar, lundi face à la presse. Le maire de Mermoz- Sacré Cœur, qui doit répondre dans l’affaire du meurtre de Ndiaga Diouf en 2011, veut en finir avec ce dossier qui, pour lui, est une «épée de Damoclès» au-dessus de sa tête. «Je vais au Tribunal avec mes enfants pour être jugé et non pour un autre renvoi. Si j’en sors avec un renvoi, je ne reviendrai plus. Et s’ils ne sont pas prêts, le juge sait ce qu’il doit faire : classer le dossier sans suite. Qu’on arrête de penser qu’on peut nous donner une peine un peu moins grave que je laisserai faire. Je dis qu’un jour de sursis avec même un franc symbolique à la famille de Ndiaga Diouf, qui était un nervi de son état, je continuerai en cassation», avertissait-il encore. Avant d’appeler à la résistance : «Je demande à ces jeunes, qui seront dans le Tribunal, aux alentours du Tribunal et un peu partout dans la ville de Dakar, de résister parce que moi, dans cette salle d’audience, comptez sur moi, je compte résister.» Mais tout ce cocktail arrive dans un contexte électoral en effervescence avec les nombreux rejets des listes de l’opposition qui risquent de ne pas participer aux Locales du 23 janvier prochain. Voilà autant de mots et de menaces qui font redouter une deuxième vague brandie depuis des mois.
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