Ça sent le soufre à Yène où les populations ont promis de s’opposer par tous les moyens à la mise à disposition par l’Etat de dizaines d’hectares à des particuliers. 10 hectares à Kelle et Niangal, 60 ha à Nditakh sans compter les «spoliations» du site de Dakar Dem Dikk, qui a bénéficié d’une affectation de la communauté rurale depuis 2013. Autant d’agressions relevées dans la déclaration liminaire et qui exaspèrent au plus haut point les populations. En assemblée d’information lundi à la mairie de la commune, les Yénois ont décidé donc de faire front commun pour répliquer à la hauteur de l’affront. «Si ceux à qui on a attribué ces terres sont déterminés pour les prendre, nous les vrais prioritaires le sommes autant qu’eux ; ces terres sont pour les populations et comme un seul homme nous sommes debout pour les défendre à n’importe quel prix», a soutenu avec force Daouda Ndione, porte-parole de l’équipe municipale. A l’origine de ce regain d’activités sur le foncier, la levée de l’interdiction de l’arrêté du sous-préfet de Bambylor. «Le sous-préfet de l’arrondissement de Bambylor a pris un arrêté le 30 mars 2018 portant interdiction et suspension de tous travaux sur le site. Samedi le sous-préfet a notifié la levée de l’arrêté sur injonction du préfet du département lui aussi certainement sur directive de ses supérieurs», a rappelé Mame Bakhaw Diène, membre du Conseil municipal. Les habitants de la localité situent le commencement des problèmes fonciers à la décision de l’Etat en janvier 2015 d’ériger des pôles urbains dans la zone. Il s’agit de ceux de Daga Kholpa et de Yène qui ont «dépouillé» la commune de 1186 hectares. «Nous ne sommes pas contre des pôles urbains à condition que ce soit pour l’intérêt général. Si c’est pour donner les terres à des promoteurs privés qui vont les exploiter pour les revendre, nous disons non ! Ça ne passera pas», a pesté M. Ndione. «La première fois des soulèvements ont eu lieu et les gendarmes ont eu à procéder à des tirs de sommation contre une foule prête à en découdre. C’est après que le sous-préfet avait émis l’arrêté de suspension de toute activité sur le site. Aujourd’hui que la suspension est levée, c’est la même détermination qui anime la population», a averti M. Diène, interpellant directement le président de la République. «Nous demandons au Président Macky Sall de revenir sur les décrets instituant les pôles et d’annuler les 764 ha du pôle de Daga Kholpa se situant dans la commune de Yène et les 422 hectares du pôle de Yène», a exhorté Bakhaw Diène, qui annonce que c’est le seul moyen de désamorcer la tension sur ce qu’il considère comme «une bombe à retardement».
abndiaye@lequotidien.sn
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