Ziguinchor a constitué la première étape d’une tournée de la Cnts-Fc dans tous les départements du Sud pays ainsi qu’au niveau des régions de Tambacounda et Kédougou dans un premier temps. Une étape mise à profit par le leader des forces du Changement, Cheikh Diop, pour exprimer sa solidarité avec les travailleurs des secteurs impactés par la pandémie du Covid-19 et porter leurs revendications, leurs préoccupations dans notre agenda syndical. Occasion également d’interpeller l’Etat du Sénégal sur les questions de l’heure et qui ont trait, entre autres, à la campagne agricole, aux accords de pêche, à l’immigration clandestine.
Pour Cheikh Diop, la Confédération nationale des travailleurs/Forces du changement (Cnts-Fc) s’est fait le devoir d’être à côté de l’ensemble des travailleurs du pays pour s’enquérir des difficultés vécues pendant la période de la pandémie du Covid-19. Des travailleurs qu’il est venu, dit-il, écouter et manifester sa solidarité aux secteurs impactés comme la santé, le tourisme, l’éducation, qui ont besoin de sentir leurs responsables à leurs côtés. «Nous sommes venus partager avec eux et leur exprimer note solidarité face aux difficultés ; et surtout prendre note des vécus de l’ensemble des travailleurs durant cette crise afin de porter leurs revendications, leurs préoccupations dans notre agenda syndical», a-t-il martelé face à la presse en marge de l’Assemblée générale de la Cnts-Fc organisée ce mercredi à Ziguinchor. Occasion également pour Cheikh Diop de disséquer sur les questions d’actualité et qui interpellent autant l’Etat, les politiques que le mouvement syndical. C’est d’abord le cas de la Sonacos qui, d’après M. Diop, constitue un moteur de l’économie au niveau de la partie sud du pays. «Cette unité industrielle a une haute importance pour nous. C’est pourquoi l’Etat doit tout mettre en œuvre pour mieux gérer la campagne en dotant les unités industrielles transformatrices de suffisamment de graines, la Sonacos en particulier, et prioriser les 5 unités industrielles que compte le pays dans la fourniture de graines», a-t-il indiqué. Car pour le patron de la Cnts-Fc cela est extrêmement important eu égard aux nombreux saisonniers qui travaillent au niveau de la Sonacos de Ziguinchor. «Donc s’il n’y a pas suffisamment de graines pour l’usine, il n’y aura pas de saisonniers. D’ailleurs, ils sont à l’arrêt depuis très longtemps et osons espérer que cette campagne va les faire revenir parce que l’usine sera suffisamment dotée de graines», dixit Cheikh Diop qui invite par la même occasion l’Etat à investir davantage pour la rénovation des installations qui sont très vétustes afin de pérenniser cette unité industrielle. Sur la question du transport, Cheikh Diop est là d’avis que le plan de résilience au niveau dudit secteur a été mal conduit. Et de souhaiter que l’Etat puisse apporter des correctifs pour la relance du secteur. «Et nous allons nous engager pleinement compte tenu de toutes les informations qui seront collectées lors de cette tournée pour accompagner la relance économique et faire de notre mieux pour que les préoccupations des travailleurs soient prises correctement en charge dans la relance», plaide Cheikh Diop. Et sur ce registre, le patron de la commission développement industriel au niveau du Cese estime d’ailleurs que le tourisme constitue le secteur le plus impacté par la pandémie. Et si l’Etat a aujourd’hui consenti des efforts dans ce secteur, Cheikh Diop plaide pour que ceux-ci soient consolidés et que l’appui soit beaucoup plus conséquent et plus concret ; parce que beaucoup d’unités touristiques n’ont toujours pas senti, dit-il, l’effort et l’appui de l’Etat.
«Le fléau de la 4ème révolution industrielle celle dite 4.0»
Interpellé sur le phénomène de l’émigration clandestine, le responsable de la Cnts-Fc estime là que c’est est un phénomène qu’il faudra analyser d’une manière beaucoup plus approfondie. «C’est le fléau de la 4ème révolution industrielle celle dite 4.0 ; celle qui virtualise le travail, l’industrie et les économies et qui a des impacts très négatifs sur l’emploi», justifie-t-il. Et comparativement aux trois premières révolutions industrielles, qui faisaient appel à de la main d’œuvre à travers l’esclavage et le pillage des ressources africaines, la 4ème révolution, la révolution virtuelle dite 4.0, n’a pas plus besoin, selon lui, de main d’œuvre. «C’est le rejet total. Nous devons donc réfléchir, et penser deux phénomènes : l’esclavage pour appel de main d’œuvre ; et rejet de la migration qualifiée de clandestine parce qu’ils n’ont plus besoin de main d’œuvre», martèle-t-il. Un combat qui doit être mené, pense-t-il, par l’ensemble des forces du progrès pour un nouveau contrat social qui tienne compte de la solidarité dans la gouvernance mondiale. «L’immigration est un droit qui doit être correctement appliquée. Donc nous devons avoir un nouveau contrat social qui tienne compte de la valeur du travail dans la gouvernance mondiale et de la résilience dans l’élaboration des politiques publiques. Et se battre en outre pour la sensibilisation», prône-t-il.
«Nous devons veiller sur nos ressources naturelles»
Quid des accords de pêche au Sénégal ? Cheikh Diop est d’avis que l’Etat gagnerait à éclairer le débat sur les licences de pêche. «Aujourd’hui, nous avons un phénomène extrêmement difficile à Dakar avec pratiquement toutes les industries de pêche qui sont à l’arrêt ; et nous sommes en négociation pour voir comment gérer cette situation de perte d’emplois massifs, de l’arrêt total de l’activité», souligne-t-il. Avant de lancer un appel pour que l’Etat clarifie le débat sur les licences de pêche pour que nul n’en ignore. «Mais en tout état de cause, nous devons veiller sur nos ressources naturelles qui ne se renouvellent pas rapidement ; et donc redistribuer les licences de pêche en conséquence des renouvellements de notre patrimoine halieutique», espère-t-il.