En Casamance, la filière anacarde est confrontée à divers obstacles qui plombent son dynamisme. A preuve, un stock de 2 500 à 3 500 tonnes d’anacarde est encore en souffrance à Ziguinchor, faute d’acquéreurs.

L’exportation de l’anacarde vers le marché international est, ces dernières années, contrôlée par des Indiens et des nationaux dotés de contrats pour opérer sur le terrain. Ce, avec une certaine mainmise des étrangers qui fixent le prix au producteur, notamment les Indiens qui sont d’ailleurs en phase finale d’exportation, contrairement aux acteurs locaux qui sont totalement bloqués avec leur produit. Une situation à laquelle ces derniers tentent d’apporter des solutions avec l’appui et l’encadrement du gouvernement.  Aboubacar Camara, membre de la filière anacarde et directeur général de l’Usine Cajou d’or, qui s’active dans la transformation de produit fini à l’export à Bignona, soutient mordicus que l’exportation, à l’heure actuelle, pose problème pour les acteurs nationaux qui sont sur place. «Seuls les Indiens et les nationaux qui traitent avec les sociétés indiennes, ceux ayant bénéficié de financements des banques sur garantie de la Délégation générale à l’entreprenariat pour les femmes et les jeunes (Dre/Fj) ont la possibilité d’exporter et exportent», martèle-t-il. Malgré tout, renchérit Aboubacar Camara, le produit est encore là. «A Ziguinchor, il y a entre 2 500 et 3 500 tonnes qui doivent être exportées. Et ce, dans un contexte mondial où la valeur du dollar baisse et où les nationaux n’ont pas un bon prix pour l’exportation», soutient cet acteur de la filière anacarde, spécialisé dans la transformation du produit.
Et cette situation interpelle l’ensemble des acteurs nationaux qui invitent d’ailleurs l’Etat à intervenir pour sauver la filière. Pour eux, le produit ne doit point être exporté, mais plutôt transformé au Sénégal. Et M. Camara de demander tout bonnement aux autorités étatiques de subventionner le produit, afin de leur permettre de le transformer localement, avant son exportation en produit fini vers le marché international. «Cette année, l’Etat a investi entre 6 et 7 milliards de francs Cfa à travers la Der pour permettre à près d’une quinzaine de sociétés d’acheter la noix aux producteurs. Et une autre solution toute simple est de subventionner les nationaux à hauteur de 200 francs Cfa pour une transformation qui va nous revenir à 400 francs Cfa. Ce qui va nous permettre de le transformer et de l’exporter», plaide-t-il. Une solution urgente qui doit tourner, de l’avis de M Camara, autour de 7 milliards de francs Cfa. «Et cela a aussi l’avantage de sauver les producteurs dont certains ont toujours leurs noix invendues, sauver les commerçants qui stockent leurs produits qu’ils n’arrivent pas à vendre. Il faut donc que l’Etat appelle tous les acteurs autour d’une table pour régler ce problème», dixit Aboubacar Camara pour qui il est hors de question que ce produit continue d’être exporté. Il soutient que des unités de transformation sont sur place et prêtes à transformer le produit.
Remerciant au passage les banques qui ont joué un très grand rôle dans le développement de la filière anacarde, M. Camara espère pour la prochaine campagne l’arrivée d’autres banques pour booster la filière. «Pour que le business réussisse sur toute la ligne, il faut le règlement définitif de la question de la subvention du produit pour qu’il soit transformé avant toute exportation. Et nous avons des commandes allant jusqu’à 1 000, voire 1 500 tonnes sur le marché international. L’Etat doit donc organiser la filière. Et cela est une question urgente», insiste-t-il.