La Casamance a célébré hier la Journée internationale de la paix. Une occasion saisie par les acteurs pour magnifier les efforts de l’Etat à travers le Plan Diomaye pour la Casamance, mais également appeler à accélérer le processus de paix. Par Khady SONKO –

 Moteur de tout développement, la paix a été célébrée hier à Ziguinchor, dans le cadre de la Journée internationale de la paix. Les acteurs ont convergé de tous les horizons de la Casamance naturelle et des pays frontaliers, à savoir la Gambie et la Guinée-Bissau, pour cette célébration. Les femmes, artisanes de la paix, étaient habillées en blanc, couleur symbole de la paix. En Casamance, elles ont fini de prendre des engagements. «Aujourd’hui, elles sont en train de marquer le terrain par des actions concrètes, visibles, mesurables», assure la présidente de la Plateforme des femmes pour la paix en Casamance. «Nous appelons toute la communauté, l’Etat du Sénégal en premier, les institutions, les organisations de la Société civile, les partenaires techniques et financiers, à agir avec nous pour une paix définitive en Casamance, mais aussi une paix à travers le monde», a déclaré Ndèye Marème Thiam, qui s’est félicitée de l’accalmie qui prévaut dans la zone depuis des années. La présidente de la Plateforme des femmes pour la paix en Casamance rend grâce à Dieu puisque les populations arrivent à se déplacer. «Mais ce n’est pas suffisant. On voudrait aller vers une paix définitive avec des signatures d’accords de paix, le déminage sur toute l’étendue du territoire casa­mançais, pour que les populations aillent et viennent librement. Pour que les infrastructures de base, les écoles, les postes de santé soient équipés, et que les populations puissent se sentir bien chez elles en Casamance», a déclaré Ndèye Marème Thiam. Sur le cas du militaire kidnappé et toujours entre les mains des rebelles, Mme Thiam dit faire confiance aux autorités et au Mouvement des forces démocratiques de la Casamance (Mfdc). «Ils ont cette intelligence et cette maturité de pouvoir discuter pour libérer très rapidement le soldat», a déclaré Ndèye Marème Thiam.

L’espoir suscité par le Plan Diomaye pour la Casamance
«Notre devoir est de voir comment ramener la paix définitivement en Casamance», a déclaré El Hadj Bécaye Mbaye, représentant les Ambassadeurs pour la paix au Sénégal dont les Ong 3D, Cos, Gradec. Tout en saluant le Plan Diomaye pour la Casamance du président de la République, M. Mbaye a appelé au pardon et à la réconciliation. «Le pardon, c’est la noblesse du cœur, le pardon, c’est de refuser la colère», a-t-il fait savoir. Bécaye Mbaye a également exhorté l’Etat du Sénégal à accélérer le processus, mais également le Mfdc, pour une paix définitive.

La représentante du Direc­teur général de l’Anrac a magnifié l’œuvre de la Plateforme des femmes. «Elles sont pour nous des relais, que ça soit en termes de médiation, de réinsertion ou d’accompagnement économique des femmes», a soutenu Cornelia Manga, responsable de la promotion économique des femmes et du genre à l’Anrac qui accompagne à 70% les initiatives de la plateforme dans le sens de la consolidation de la paix en Casa­mance.

Henry Ndécky, coordonnateur de la Cospac, a invité à mettre fin aux hostilités et à un engagement collectif dans un dialogue sincère et constructif. «Nous pouvons trouver des solutions à nos problèmes si nous travaillons ensemble», a déclaré M. Ndécky. A l’endroit des victimes, il dit : «Nous nous souvenons de leurs souffrances et nous sommes déterminés à les aider à se réconcilier. L’avenir est entre nos mains. Choisissons la paix et la cohésion nationale, choisissons l’unité, le développement écono­mique et social, un avenir meilleur et radieux pour cette belle région de la Casamance qui a souffert de plus d’une quarantaine d’années de conflit et de crise.»

Au-delà de l’accalmie, les acteurs de la paix en Casamance ont salué le Plan Diomaye pour la Casamance qui donne espoir aux populations réfugiées. Pour ces artisans de la paix, ce plan vient faciliter la réinsertion des populations de retour. «Nous nous réjouissons de son expérimentation sur le terrain. Les actions déjà réalisées ont permis à plusieurs citoyens de retour de pouvoir s’installer et de se réintégrer dans la communauté après des années d’absence», a témoigné Henry Ndécky. Il a demandé au président de la République et au Premier ministre de rassurer les populations de retour et réinstallées dans leurs villages respectifs à travers la poursuite du déminage humanitaire intégral des zones concernées, d’accélérer le désenclavement des zones frontalières et des zones libérées après les accords signés entre l’Etat et le front nord de Diakaye du Mfdc en 2023 à Mongone. «Poursuivre les négociations entre le gouvernement et les différents fronts du Mfdc n’ayant pas encore déposé les armes pour parachever le processus de paix, soutenir un programme de pardon et de réconciliation afin d’instaurer la cohésion sociale», a plaidé Henry Ndécky.
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