#Ziguinchor – Lutte contre la criminalité transfrontalière : Sénégal, Gambie et Guinée-Bissau, même combat

Des acteurs venus de la Gambie, de la Guinée-Bissau et du Sénégal étaient en concertation à Ziguinchor sur les enjeux et défis sécuritaires en Casamance. La criminalité transfrontalière prend de l’ampleur dans cette zone, dans un contexte de développement de l’extrémisme religieux et du terrorisme.
Par Khady SONKO –
Les acteurs de lutte contre la criminalité transfrontalière, en collaboration avec la Fondation Konrad Adenauer, étaient un conclave lundi pour tenter de limiter ce fléau en Casamance, dans un contexte de développement de l’extrémisme religieux et du terrorisme. Dans cette région, la criminalité transfrontalière est caractérisée, entre autres, par les trafics de drogue, d’armes, le vol de bétail. Le défi pour réussir ce combat est, selon les acteurs, de bâtir des stratégies sur des compromis. «On ne peut pas aujourd’hui lutter contre la criminalité en tenant compte des textes et lois, parce que ce sont des pays qui n’ont pas les mêmes niveaux de décentralisation, les prises de décision ne sont pas aussi les mêmes d’un pays à un autre. La mobilisation des acteurs de l’Administration n’est pas la même au Sénégal qu’en Guinée-Bissau, qu’en Gambie. Mais nous sommes en train de trouver des solutions», a dit Bassa Diawara, Directeur exécutif du Comité d’appui et de soutien au développement économique et social de la Casamance (Casades). Il s’exprimait à l’ouverture de l’atelier qui s’inscrit dans le cadre du Programme pour la promotion de l’Etat de Droit en Afrique subsaharienne de la Fondation Konrad Adenauer.
La situation géographique des trois pays, qui partagent une frontière terrestre poreuse, constitue une cible réelle pour le développement de la criminalité, la déforestation, le braconnage, la vente de produits illicites, la traite des personnes et des biens, entre autres. «Concernant cette zone, la criminalité transfrontalière s’exerce surtout avec la vente des produits illicites dont la drogue», souligne Ingo Badoreck de la Fondation Konrad Adenauer.
Cette situation attire des groupes organisés qui menacent de plus en plus la stabilité des Etats, surtout au niveau des zones frontalières. Aussi, la fragilité des frontières constitue-t-elle un facteur aggravant de la criminalité transfrontalière. Egalement, les différentes législations et procédures de poursuite des auteurs de ces actes dans un territoire étranger, sont autant de problèmes qui limitent parfois le travail des Forces de défense et de sécurité. «C’est la cas de la coupe de bois dans les forêts de la Casamance. Selon l’Institut d’études et de sécurité, environ un million d’arbres ont été abattus illégalement en Casamance, soit un tiers de la forêt de la région en 2020», indique M. Badoreck.
A l’en croire, le bois est ensuite acheminé dans un pays étranger avant d’être exporté vers d’autres continents. «Ici, les coupeurs de bois ont compris les lourdeurs administratives qui pèsent en matière de poursuite au niveau des Etats», ajoute-t-il. La pauvreté contribue au développement de la criminalité transfrontalière. D’après Edouard Mbengue, ancien Colonel de l’Armée, membre du Centre des hautes études de défense et de sécurité du Sénégal (Cheds), les régions de Kolda, Ziguinchor et Sédhiou sont parmi les plus pauvres, même si la sévérité de la pauvreté est plus marquée à Sédhiou et Ziguinchor.
ksonko@lequotidien.sn