Kafountine s’est penchée hier sur la migration irrégulière qui frappe cette commune depuis des années. Avec cette initiative, la municipalité cherche à trouver des solutions endogènes à ce phénomène afin de l’éradiquer.Par Khady SONKO –

La migration irrégulière a fait des centaines de victimes à Kafountine, commune devenue un lieu de départ pour une aventure périlleuse et incertaine. Pour stopper ce phénomène, un Forum de sensibilisation sur les dangers de la migration irrégulière, a regroupé les acteurs, les partenaires, l’administration et la jeunesse autour de cette question pour voir réellement les causes, les conséquences et surtout proposer des solutions liées au phénomène de la migration irrégulière. «Nous nous sommes engagés dans ce combat suite aux drames survenus en juin passé où il y a eu 15 victimes de candidats à l’émigration irrégulière. Nous avons constaté que Kafountine est devenue une zone de départ et pour cela, à l’issue du drame passé, nous ne pouvons pas rester indifférents», a déclaré le maire de la commune. Cette initiative de la municipalité fait suite à une première sur la même question et qui avait eu des résultats probants. «Nous avons eu à déjouer deux tentatives le jour de la Tabaski et le jour du Gamou où ce sont les populations mêmes qui ont dénoncé, ce qui a permis aux Forces de défense et de sécurité de prendre les devants et empêcher des pirogues de partir», informe David Diatta. D’où l’importance de pousser la réflexion afin de trouver les solutions endogènes au phénomène à proposer aux acteurs et à l’Etat. «C’est notre participation, notre part de responsabilité que nous voulons satisfaire», a déclaré M. Diatta.

La cérémonie officielle a été précédée d’une présentation sur l’emploi vert, soit une partie des solutions, suivie des thématiques sur les causes, les conséquences et des propositions de solutions. «Les résultats attendus de ce forum, c’est de sortir avec des propositions de solutions endogènes qui vont émaner des populations elles-mêmes. C’est important. Si les gens s’adonnent à l’immigration irrégulière, c’est parce qu’il y a des raisons. Ce sont ces raisons qu’on va synthétiser, partager avec les acteurs, les partenaires qui s’intéressent à la question», explique l’élu local.

Un cadre de veille et de concertation sera mis en place pour mieux collaborer avec les Forces de défense et de sécurité, mais aussi mieux collaborer avec les jeunes qui s’adonnent à l’immigration irrégulière. Pour l’adjoint au sous-préfet de l’arrondissement de Kataba 1, il s’agit de voir comment stopper ce phénomène qui est en train de gangrener et de créer une césure au sein de la famille. Amadou Baba Ndiaye invite les partenaires, en collaboration avec le maire, à trouver des alternatives à travers des activités génératrices de revenus pour voir comment fixer ces jeunes dans leur territoire, mais aussi leur permettre de travailler et de ne plus penser à l’immigration irrégulière. «L’espoir est permis. Si nous mutualisons nos forces, nous parviendrons à régler ­définitivement cette question et trouver des solutions ­durables au phénomène», dira M. Ndiaye.

Migrant clandestin de retour, Boubacar Diatta, par ailleurs chargé de ­communication de l’Association sénégalaise de lutte contre la ­migration (Asmi), invite les jeunes à voyager par la voie légale. «Sinon si on part ­clandestinement, ce sera des jeux de cache-cache avec les policiers, les maisons de garde, travailler dans le noir. J’ai perdu cinq ans en partant à ­l’immigration ­irrégulière. Durant tout ce temps, je n’ai rien réalisé. Si j’avais travaillé, j’aurais pu réaliser des choses», a témoigné Boubacar Diatta.
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