Les activités ont bien repris au Port de Ziguinchor. Ce jeudi 18 avril est jour de départ du bateau Aline Sitoé Diatta à destination de Dakar. Le lieu retrouve son ambiance d’antan. Les affaires reprennent petit à petit. Et l’espoir et l’économie renaissent.Par Khady SONKO –

Un soulagement pour la Casamance. L’espoir renaît avec la reprise des rotations maritimes qui désenclavent la Casamance et boostent l’activité commerciale à travers différents sous-secteurs de l’économie. La vente de bouteilles d’eau potable, par exemple, est une activité qui marche bien en cette matinée de forte canicule. Les vendeurs de fruits ligneux et fruits de mer ne se plaignent pas non plus. Les taximen, les conducteurs de moto Jakarta, les services… se frottent également les mains. A l’arrêt-car faisant face à l’embarcadère, les conducteurs de Jakarta se disputent les clients voyageurs qui ont de petites courses à faire avant d’embarquer. Les accompagnateurs qui rentrent ont aussi besoin des services de ces conducteurs de moto-taxi.

Les gendarmes, qui veillent au grain, ne connaissent pas de répit. Ils procèdent au contrôle des documents des voyageurs.

A quelques mètres de là, le bateau Aline Sitoé Diatta, accosté à l’embarcadère, est en train d’être chargé. Il attend 14 heures, heure pour prendre son départ à destination du Port autonome de Dakar.

Pour nombre de personnes, c’est la joie de retrouver le bateau et de pouvoir voyager à bord. «Je n’en reviens même pas. Les voyages à bord du bateau me manquaient beaucoup. Merci à ceux qui ont permis la reprise, je prie aussi pour qu’une telle situation ne se reproduise plus», a soutenu, toute excitée, Marques Diatta, une jeune fille bien prête pour le voyage. Elle se paie une bouteille d’eau potable et quelques fruits avant de partir.

«Nous sommes encouragés par le mouvement des gens, la reprise des rotations maritimes. La ville renoue avec son ambiance d’antan. Les affaires marchent à nouveau. Nous avons commencé à proposer toutes sortes de produits, parce que toute la marchandise peut être écoulée avant 14 heures, heure de départ du bateau. Et c’est pareil pour les jours d’arrivée du bateau. C’est encore un peu timide, mais les activités marchent, Dieu merci. On prie pour que tous les trois bateaux reprennent du service», confie Kadidiatou Fall, vendeuse de fruits de mer, de fruits ligneux et d’eau en face de l’embarcadère. Pour le moment, c’est seulement Aline Sitoé Diatta qui a repris du service.

«Les choses s’améliorent. On ne vendait même pas de l’eau, car il n’y avait pas de client. L’endroit était quasi mort, mais actuellement, la vie reprend. On prépare d’autres produits à vendre, car il y a de l’espoir», confirme Berthe Gomis.

Leur arrêt fait face à l’entrée du port. Ce mardi matin, des conducteurs de motos-taxis se souviennent du moment de la suspension des rotations du navire. Ce fut une période dure. «C’était très difficile pour nous les conducteurs de Jakarta. Mais tout cela est fini, car les choses reviennent à la normale. On prie pour que cela aille mieux pour tout le monde. Surtout qu’on évite ce qui s’est passé, car ce n’est dans l’intérêt de personne. Cela a fait reculer l’économie de la région», confesse Abasse Faty, un jakartaman. «Toutes les petites affaires connexes que nous faisions, ont été suspendues à cause de l’arrêt des rotations maritimes. Le Jakarta était à l’arrêt et les petites affaires aussi. Aujourd’hui, tout cela redémarre par la Grâce de Dieu, et on a beaucoup d’espoir par rapport à l’avenir», confie Cheikh Badji.

«C’était très dur, mais Dieu merci. Les affaires commencent à décoller depuis la reprise des rotations. Maintenant, je rentre avec quelque chose dans mes caisses depuis la reprise», se réjouit Aliou Ba, gérant d’une boutique de multiservices.

La reprise des rotations maritimes Dakar-Ziguinchor est effective, mais pas encore régulière. Car, depuis le 9 avril, le troisième voyage n’a été effectué que ce jeudi 18 avril. «C’est notre troisième voyage et on ne sait pas quand est-ce qu’il va revenir et quand il va repartir. Mais le seul mouvement montre à suffisance que les choses commencent à avancer», explique François Coly, acteur comédien de profession et conducteur de Jakarta à ses heures perdues.
Avec cette saison des mangues qui s’installe, le port retrouve son dynamisme. Les camionneurs, conducteurs de poucettes, de Jakarta, de véhicule de transport de marchandises, se frottent les mains et bénissent la reprise des rotations maritimes. «On a eu une matinée rentable aujourd’hui. Même le soir, c’est intéressant, car il y en a qui viennent pour acheter des billets, d’autres pour enregistrer leurs marchandises, d’autres encore juste pour constater si effectivement le bateau a repris du service. S’y ajoutent ceux qui viennent pour s’informer. Ces va-et-vient nous rapportent beaucoup de sous», se félicite François Coly.

La ville revit et le changement est visible. Cela avait beaucoup manqué aux acteurs économiques. Même les femmes qui vendent des produits halieutiques transformés y trouvent leur compte. L’espoir retrouvé, elles recommencent à renforcer et varier leurs marchandises qu’elles arrivent presque à tout écouler.
ksonko@lequotidien.sn