Le village de Diongol a accueilli, le premier jour de l’année 2025, des fidèles catholiques pour prier pour la paix en Casamance. Cette cérémonie était présidée par Mgr Jean-Baptiste Valter Manga, évêque du diocèse de Ziguinchor, qui a appelé acteurs et populations à œuvrer pour une paix durable en Casamance.Par Khady SONKO –

La journée de prière pour la paix a été célébrée, hier, premier jour de l’an, à Diongol, village situé dans la commune de Suelle, dans le département de Bignona. A travers ce jour, les fidèles catholiques ont réaffirmé leur engagement commun à la quête d’une paix durable qui «guérit les blessures, réconcilie les cœurs et ouvre les voies d’un avenir prospère», a dit d’emblée l’évêque de Ziguinchor. «Nous avons ensemble formulé des prières pour qu’enfin règne la paix dans le monde et particulièrement dans notre chère Casamance», a confié Jean-Baptiste Valter Manga. Mgr Manga explique le choix de Diongol pour accueillir l’événement religieux. «Il était important pour moi de proposer ce village qui appartient au secteur du Haut Fogny impacté, comme plusieurs villages environnants, par la guerre en Casamance.» L’évê­que du diocèse de Ziguinchor a dit tout son souci pour les personnes exilées, déplacées, mais aussi celles qui les accueillent. «Cette journée a plus d’impact lorsque nous la vivons avec les communautés qui gardent encore les séquelles de la guerre», a-t-il dit.

Pour rappel, beaucoup de villages des communes de Suelle, de Djibidione, de Sindian et d’Oulampane, et d’autres communes de la région, s’étaient vidés de leurs populations durant le conflit. Selon des statistiques menées en 2012 par Crs et Caritas, près de 150 mille personnes avaient perdu leurs maisons et des milliers étaient toujours hors de leur village d’ori­gine. D’après le Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés, le nombre de déplacés à l’intérieur de la Casamance varie entre 30 mille et 60 mille personnes, et plus de 10 mille avaient trouvé refuge en Gambie et en Guinée-Bissau.

Plus récemment, en mars 2022, des opérations militaires en Casamance ont provoqué de nouveaux déplacements. «En­viron 6350 personnes avaient fui les violences dont 4508 déplacés internes et 1872 réfugiés en Gambie», a indiqué Mgr Valter Manga. En octobre dernier, rappelle-t-il, «le gouvernement sénégalais a rapporté que 5655 ménages, répartis dans 197 villages, étaient retournés dans leurs localité d’origine. Cependant, 992 ménages provenant de 17 villages attendaient encore de pouvoir rentrer chez eux». Les moyens ne suivant pas nécessairement, ces populations déplacées ont constamment besoin d’aide. «Notre église, pour sa part, s’est engagée, à travers la Caritas, aux côtés de ces populations pour accompagner leur retour», fait savoir l’évêque de Ziguinchor. Ainsi, souligne-t-il, entre 2017 et 2024, Crs et Caritas ont obtenu un financement de l’ambassade des Etats-Unis qui a permis de mettre en œuvre les projets Elanioul «retourner à la maison» et Bukine basumé «habiter paisiblement». «Le financement du projet Elanioul a permis, entre 2017 et 2019, de construire 209 maisons, 120 latrines et 16 mini-forages dans les villages des communes de Suelle, Djibidione et Oulampane. Entre 2021 et 2024, la commune de Suelle a bénéficié au total, avec le projet Bukine basumé, de 164 maisons reconstruites ou réhabilitées, de 128 latrines. Diongol, pour sa part, a bénéficié en 2017, avec Elanioul 1, de la construction de trois maisons pour trois ménages, 4 latrines et deux puits forages installés à l’école primaire pour permettre aux élèves et aux populations d’avoir accès à l’eau potable», rapporte Jean-Baptiste Valter Manga. Pour lui, il est important de poser des actions concrètes pour permettre aux populations des villages impactés de retrouver leur cadre de vie. «Cela permettra d’éviter les frustrations et de cheminer vers une paix durable», croit-il.

La Casamance a très longtemps souffert de la guerre. Pendant des décennies, des familles ont été déchirées, des communautés fragilisées. «Nos terres autrefois fertiles et prometteuses ont souffert du poids de la violence. Aujourd’hui, nous sommes conscients que la guerre est un frein au développement. Nous refusons donc de léguer aux générations futures le fardeau du conflit. Nous choisissons la paix pour marcher résolument vers une Casamance prospère», a dit Mgr Manga.

Jean-Baptiste Valter Manga invite les acteurs, autorités, leaders et populations à œuvrer pour une paix durable. «La paix est une œuvre collective. Elle ne peut être imposée par un seul, mais construite par tous. Engageons-nous ensemble à renforcer le dialogue, à panser les blessures, à promouvoir le développement. Ensemble, nous pouvons transformer nos champs de bataille en champs de culture, nos silences en champs d’espoir», appelle-t-il.
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