#Ziguinchor – Transformation de l’anacarde : Un objectif d’au moins 50% à atteindre d’ici 5 ans

Le ministre du Commerce et de l’industrie a annoncé hier, à l’issue d’un Crd, des mesures fortes allant dans le sens d’une mutation sur la filière de l’anacarde. Serigne Guèye Diop décline l’ambition du gouvernement consistant à porter à 50% la transformation locale de l’anacarde dans les cinq ans à venir.Par Khady SONKO –
«Le gouvernement du Sénégal est déterminé plus que jamais à faire de l’anacarde un véritable or noir, l’or noir de la Casamance», a déclaré le ministre du Commerce et de l’industrie. Serigne Guèye Diop a ainsi révélé, hier, l’ambition de l’Etat en concluant la réunion du Comité régional de développement (Crd) dédié à la campagne de commercialisation de l’anacarde 2025. Il a annoncé une profonde mutation de la filière, longtemps laissée entre les mains des exportateurs de la matière première.
Depuis l’indépendance, la noix de cajou sénégalaise est principalement exportée, alors qu’elle représente un potentiel économique considérable. Seuls 3% de la production sont transformés au niveau local. Les nouvelles autorités sont dans une dynamique d’industrialiser cette filière afin de créer de la valeur ajoutée, à l’image de ce qui a été entrepris dans la filière arachidière. Ainsi, leur objectif est de transformer localement au moins 50% de la production nationale d’ici cinq ans. «Dans les 5 ans à venir, il va falloir qu’on passe à 50% de la transformation locale. Aujourd’hui, la transformation locale, ce sont à peine 7 tonnes sur les 80 à 100 mille tonnes collectées», a déploré le ministre du Commerce et de l’industrie.
En 2024, le Sénégal a exporté 79 mille 76 tonnes d’anacarde, générant plus de 52 milliards de francs Cfa. Malgré ce chiffre, les exportations ont connu une baisse, due à des conditions climatiques défavorables. 84% des volumes sont expédiés vers l’Inde et 16% vers le Vietnam. Pour sortir de cette dépendance, il est nécessaire de structurer davantage la chaîne de valeur locale.
C’est dans cette dynamique de transformation que Serigne Guèye Diop a annoncé plusieurs mesures fortes. Il s’agit d’un comité technique chargé de piloter le plan stratégique de la filière d’anacarde qui rassemblera l’ensemble des ministères concernés, les institutions de recherche comme l’Isra, ainsi que les acteurs de terrain, mais également de fixer un prix plancher pour les producteurs, comme le modèle de la filière arachide, afin de les protéger contre les fluctuations du marché et les abus. Une taxe à l’exportation sera également proposée en Conseil des ministres. «Ses recettes serviront à financer la recherche, les structures d’encadrement comme l’Icas et les actions de développement de la filière», développe M. Diop, qui a également annoncé un système d’agrément obligatoire qui sera mis en place pour réguler l’accès au marché, garantissant un minimum de qualité et de professionnalisme. Une fenêtre d’achat prioritaire pour les industriels locaux est également envisagée, leur permettant de s’approvisionner avant l’ouverture aux marchés extérieurs. «Cette mesure vise à favoriser la transformation locale et à éviter que les petits producteurs ne soient marginalisés.» Il est également prévu de mieux encadrer le transport terrestre et maritime, mais les producteurs seront libres de choisir le mode de transport le mieux adapté à leur situation.
Le programme Pacas et les agropoles seront renforcés pour soutenir la production, la transformation et la recherche. L’Agropole sud, en particulier, deviendra un centre de référence pour la transformation de l’anacarde, avec un laboratoire de recherche, des incubateurs pour jeunes entrepreneurs et des installations modernes. L’inauguration de ces infrastructures est prévue pour l’année prochaine.
Les acteurs dénoncent la mesure de prélèvement sur l’export de l’anacarde
Le Cadre régional de concertation des acteurs de la filière anacarde dénonce la mesure d’un prélèvement sur l’exportation de la noix d’anacarde annoncée hier au Comité régional de développement (Crd) par le ministre du Commerce et de l’industrie.
Le président de ce cadre dénonce la pléthore de taxes sur l’anacarde. «Des taxes trop élevées qui participent à la réduction du prix de la matière première. Si ces taxes continuent, la filière va disparaitre. Nous avons noté des taxes de 75 francs par-ci, de 42 francs par-là, des taxes de 500 francs et ainsi de suite. A ce rythme, les producteurs vont finir par aller faire autre chose, et ce ne serait pas bon pour la filière», a déploré Demba Diémé, en marge du Crd sur l’anacarde.
«Le prélèvement à l’exportation que le ministre vient d’annoncer, s’ajoute aux différentes taxes sur l’anacarde. J’espère que le ministre va revenir sur cette taxe. Je propose une seule taxe sur l’anacarde et qui doit être au niveau de l’exportation», a-t-il poursuivi.
A l’en croire, la campagne de l’anacarde ne se comporte pas bien. «A peine démarré, on a connu des temps d’arrêt à cause des taxes. Les 42 francs de la douane sont venus en pleine campagne et on l’a arrêtée. On ne peut pas du tout supporter cette taxe. La vie de la filière est en jeu», dénonce encore Demba Diémé.
ksonko@lequotidien.sn
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