Zone de libre-échange continentale africaine : La Cnuced pousse pour l’harmonisation des Règles d’origine
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Dans son dernier rapport sur le développement économique en Afrique, la Cnuced préconise la mise en place et le respect des Règles d’origine dans la Zlecaf, afin de booster les économies du continent et de faciliter l’industrialisation.
La Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf) devrait permettre de créer des milliers, sinon des millions d’emplois et d’accroître l’industrialisation de l’Afrique, si certains préalables étaient respectés. Parmi ceux-ci, il y a l’instauration et l’harmonisation des Règles d’origine (Ro). C’est du moins l’argument développé dans le dernier rapport de la Conférence des Nations unies pour le commerce et le développement (Cnuced).
Ce rapport a été présenté hier soir dans le monde et à Dakar. C’est une économiste des Nations unies, Mme Milasoa Cherel-Robson, qui s’en est chargée.
La fonctionnaire internationale a estimé, ainsi que le dit aussi le rapport de son institution, que la ratification de la Zlecaf devrait entraîner des gains importants pour les différents pays du continents, en favorisant le développement du commerce intra-africain. Selon les données tirées du rapport intitulé Made in Africa – Les règles d’origine, un tremplin pour le commerce intra-africain, la part du commerce entre les pays du continent n’est que de 15%, selon les données de 2017, au moment où l’Amérique du Nord affiche 47%, l’Asie 67% et l’Europe 61%.
Les experts de la Cnuced estiment à 33% le niveau de progression des échanges intra-continentaux une fois que la Zlecaf entrera en vigueur, «après la suppression complète des droits de douane. Ce qui permettra d’attirer de nouveaux investissements intra-africains et de créer des débouchés qui favoriseront l’industrialisation de l’Afrique, grâce au développement des chaînes de valeurs régionales». L’idée est qu’en harmonisant leurs Règles d’origine, les pays africains puissent échanger entre eux des produits finis ou semi-finis, plutôt que d’avoir à les importer hors du continent. De cette manière, les pays qui ont déjà un embryon d’industrie de transformation trouveraient facilement des débouchés, tandis que les autres pourraient se spécialiser dans d’autres secteurs. Et le tout serait probablement très bénéfique pour l’emploi des jeunes.
Toutefois, a noté Mme Cherel-Robson, pour qu’elles soient efficaces, les Règles d’origine ne devraient être ni complexes ni coûteuses à respecter. Elles devraient favoriser l’esprit d’entreprise et être prévisibles.
L’économiste n’a pourtant pas cherché à nier que plusieurs contraintes existent encore sur le chemin de la Zlecaf. Si la volonté politique existe et s’est fortement manifestée avec la ratification de l’accord signé à Kigali, au Rwanda, elle a du mal à se manifester sur le terrain où plusieurs barrières non tarifaires au commerce entre pays africains existent. Par ailleurs, les Africains n’ont pas encore clairement manifesté la manière avec laquelle ils comptent résoudre l’équation d’ouvrir leurs frontières à des produits du continent, tout en veillant strictement à contrôler les importations des différents pays, à l’heure où des partenaires non-continentaux, comme les Européens, poussent pour l’entrée en vigueur des accords commerciaux qu’ils ont signés avec certains pays et sous-régions du continent.
mgueye@lequotidien.sn