Le privé sénégalais n’a toujours pas accepté l’intégration du Maroc dans la Communauté des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao). Mais il s’avère que le péril est encore plus vaste puisque l’Union africaine compte mettre en place dès 2018, sa Zone de libre échange continentale (Zlec). Le Président Macky Sall invite ainsi le privé sénégalais à renforcer sa compétitivité pour y faire face.

C’est un euphémisme de dire que l’arrivée prochaine du Maroc dans la Communauté des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) inquiète le secteur privé de la sous région. Depuis que le Royaume chérifien frappe à la porte de l’organisation et de son marché de 300 millions de consommateurs, le secteur privé essaie de faire entendre ses peurs et ses craintes. Hier, à l’occasion du 13e Conseil présidentiel sur l’investissement (Cpi), le président de la Confédération nationale des employeurs du Sénégal (Cnes), Mansour Cama, a mis la question sur la table, en soulignant l’absence d’études préalables à l’entrée du royaume.
Quelque peu «vexé», le Président Macky Sall a tenu à préciser que la prochaine rencontre des chefs d’Etat va permettre à ces derniers d’étudier de plus près les répercussions attendues, grâce à un rapport réalisé par des experts. «La Cedeao a commis une commission d’experts qui s’est rendue au Maroc et qui va nous soumettre ses conclusions prochainement, pour voir quels sont les tenants et les aboutissants, les avantages et les inconvénients. Les chefs d’Etat sont quand même dotés d’une intelligence minimale. ( …) Si l’analyse montre clairement que nos économies sont en péril, nous prendrons les mesures de sauvegarde nécessaires», répond le Président Sall. Mais le chef de l’Etat sénégalais met aussi en garde le secteur privé. En effet, dit-il, ce ne sera pas seulement au Maroc qu’il devra faire face. Puisque dès 2018, l’Union africaine compte lancer sa Zone de libre échange continentale (Zlec). «Bientôt vous aurez l’Afrique du Sud, vous aurez le Kenya ou l’Egypte, puisque nous travaillons pour que 2018 soit l’année où le marché unique africain est mis en place.»
En perspective de cette Zlec, Macky Sall invite le privé sénégalais à renforcer sa compétitivité. «Le vrai débat, ce n’est pas de savoir si les Marocains seront là ou pas, mais c’est de faire comme les Marocains et d’être aussi compétitifs, de travailler ensemble, gouvernement et secteur privé, pour préserver les intérêts nationaux par rapport aux enjeux futurs.» Le Sénégal n’est pas seul dans son coin, insiste Macky Sall, en invitant le privé à éviter certains débats sur le protectionnisme. «Nous avons des partenariats, nous avons des financements extérieurs», souligne le président de la République.