30% de la population du Sénégal ne sont pas inscrits dans les registres de l’état-civil, a révélé jeudi à Saint-Louis (nord), Dr Abdoul Kader Diop, responsable régional au Haut-commissariat des Nations-Unies pour les réfugiés (Hcr). Cette situation pourrait les exposer à un risque d’apatridie (difficulté de prouver leur nationalité en raison de l’absence de documents d’identité), a dit à l’Aps Dr Diop lors de l’ouverture d’un colloque international axé sur : «Droit à la nationalité et apatridie en Afrique de l’Ouest.» Cette rencontre est organisée par le Hcr, l’Agence universitaire francophone (Auf) et l’Université Gaston Berger de Saint-Louis (Ugb).  Selon lui, 10 millions de personnes sont des apatrides dans le monde, alors que l’Afrique en compte 1 million. Le responsable au Hcr a insisté sur la nécessité et l’urgence de mettre fin à l’apatridie. «Ils [Les apatrides] sont des étrangers partout et des ressortissants de nulle part», a-t-il déploré.
Dr Abdel Kader Diop a indiqué qu’une campagne décennale 2014-2024, a été lancée pour éradiquer l’apatridie dans le monde, avec un plaidoyer auprès des 12 Etats membres de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao). Cette campagne, a-t-il ajouté, a abouti aujourd’hui à la mise en place d’un plan d’action et de la déclaration de Banjul en 2017 pour un droit à la nationalité. Le directeur de l’Ufr Sciences juridiques et politiques de l’Ugb, Pr Mbissane Ngom, dit espérer que les étudiants pourront engager une réflexion et donner des propositions pour éradi­quer définitivement l’apatridie dans le monde.
Pr Ngom a expliqué que l’apatridie résulte des conséquences liées à l’absence et au défaut d’inscription dans les registres d’état-civil, ce qui expose fortement ces personnes à un risque d’apatridie. L’universitaire a souligné que la nationalité est une reconnaissance juridique de la personne. Il a estimé nécessaire de mettre en place des stratégies pour lutter contre l’apatridie en sensibilisant les populations en vue d’arriver à «une citoyenneté universelle pour tous».