Travailler toute sa vie pour, à la retraite, quémander de l’aide ne sera qu’un mauvais souvenir pour les artistes sénégalais. En effet, le projet de loi relatif au statut de l’artiste et des professionnels de la culture a été adopté en Conseil des ministres. Que va-t-il changer ? La parole aux acteurs.

Le projet de loi relatif au statut de l’artiste et des professionnels de la culture a été adopté en Conseil des ministres. Il ne reste plus qu’à passer à l’Assemblée nationale et la publication de l’arrêté d’extension et du décret d’approbation. Si pour l’heure la loi n’est pas encore adoptée, les acteurs du monde de la culture ont réagi. Pour Abdoulaye Diop, ce projet de loi traduit «la sollicitude et la considération du chef de l’Etat à l’endroit de la communauté artistique». Dans un communiqué, le ministre de la Culture a expliqué qu’en «ordonnant la finalisation du texte, le président de la République a rendu possible le parachèvement d’un processus attendu depuis plus d’une décennie par la communauté artistique». Une situation que semble tempérer la journaliste culturelle Bigué Bop. Pour elle, c’est un pas vers la mise en place d’un cadre juridique, mais le plus important reste les décrets et arrêtés d’extension. «Le texte de loi en tant que tel n’est qu’une loi d’orientation en fait. Je crois que ce sont les décrets d’application qui permettront de fixer les choses. Mais il reste constant que ce texte est quand même important. Ses dispositions permettront de réaffirmer les droits fondamentaux des artistes et des professionnels de la culture. Au-delà de définir le cadre pour savoir qui est artiste et qui ne l’est pas et préciser les conditions d’accès aux professions de la culture, cette loi permettra d’encadrer les contrats. Ce qui mènera sans nul doute à l’aménagement d’un régime fiscal. Elle devrait également fixer, avait-on annoncé, les conditions du soutien de l’Etat au secteur de la culture. En somme, elle doit permettre de professionnaliser ce secteur», a soutenu la Rédactrice en chef du journal Enquête. Des artistes approchés par Le Quotidien pour recueillir leurs impressions sont soit occupés au studio, soit ne savent même pas que le projet de loi a été adopté en Conseil des ministres ou bien ils ignorent tout bonnement ce que cette loi, une fois votée, va leur apporter. Seul Amadou Fall Ba a pu expliquer, sans entrer dans les détails, que l’intitulé du projet de loi couvre l’ensemble du secteur. Et rien que pour ça, c’est une bonne nouvelle, a affirmé le directeur du Festa2h. «Il s’agit surtout de reconnaître à l’artiste la qualité de travailleur culturel, au sens de l’Organisation internationale du travail, d’encourager sa promotion en assurant sa protection, sa dignité et son intégrité, sans porter atteinte à sa liberté de création, d’expression et de communication», avait expliqué Alioune Badiane, l’un des experts qui ont pris part à l’élaboration du projet de loi.