Les démons de la division renaissent dans le village de Sandaga, à 7 km à l’ouest de la ville de Vélingara. Les familles Sylla et Aïdara ne s’accordent pas sur la famille qui devra désigner le successeur du défunt chef de village, Abdoulaye Sylla, décédé il y a bientôt 6 mois. Les Aïdara, qui disent être les fondateurs du village, sont déterminés à reprendre la chefferie. Une décision qui, apparemment, selon la famille Sylla, a rencontré l’adhésion de l’Adminis­tration territoriale qui «veut imposer Baba Aïdara comme chef de village. Nous avons proposé un consensus sur le mode de désignation en faisant voter les concessions, au lieu des individualités. Apparem­ment le sous-préfet (de l’arrondissement de Saré Coly Sallé) veut nous imposer la volonté des Aïdara en faisant voter par individu. Ce que nous refusons. Il y a 27 concessions dans le village. 16 sont favorables au maintien de la chefferie dans la famille Sylla qui l’a toujours détenue depuis près de 70 ans. Dans les villages de cette contrée, tous les chefs se succèdent dans la même famille, comme dans les familles religieuses. Pourquoi Sandaga ferait-il une exception ?», s’est interrogé Kandé Sylla, septuagénaire, qui dit être le premier enfant né dans ce village.
Kandé Sylla ajoute : «Il y a quelques jours, le sous-préfet nous avait informés de sa volonté de venir officiellement installer le nouveau chef, à notre grande surprise. C’est l’erreur à ne jamais commettre, en attendant de trouver un consensus sur le mode de désignation. Nous avons appelé à la médiation des notables des villages environnants pour éviter le pire.»
Interrogé, le sous-préfet de Saré Coly Sallé, Abdoul Konaté, a répondu : «Je devais faire un travail administratif que j’ai fait en toute bonne foi. J’ai transmis à qui de droit. Je n’en dirai pas plus.»
Il y a 2 ans, les mêmes familles se disputaient sur l’opportunité ou non de construire une nouvelle mosquée à la place du village. Il y eut une bagarre rangée, beaucoup d’arrestations, plusieurs blessés, 2 cas de décès en prison et 1 après sa libération.
La famille Aïdara dit être fondatrice du village, à travers leurs aïeuls dans les années 50. A l’arrivée des Sylla, le chef religieux de la lignée Moham­madienne leur a laissé la chefferie pour s’occuper du religieux. Une version que réfutent leurs ennemis de cohabitants.