Après une première rencontre à Dakar, suivie d’une deuxième en Afrique centrale, le Sénégal abrite un autre atelier sur le coronavirus qui sévit en Chine et qui a étendu ses tentacules en Europe et dans certains pays de l’Asie. Cet atelier de trois jours, ouvert hier, vise à doter quinze pays de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) et deux de l’Afrique centrale de capacités de pouvoir riposter en cas d’attaque du coronavirus.

Les ressortissants chinois en provenance des régions autres que Wuhan, l’épicentre du coronavirus dont les habitants sont mis en quarantaine, sont entrés, d’après certaines informations, dans certains pays membres de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao). Cela préoccupe au point de se demander si ça ne constitue pas un risque réel de les laisser continuer à franchir les frontières de la Cedeao.
«En ce qui concerne la fermeture des frontières, l’Oms a été claire concernant les voyages. J’aurais tendance à demander de se conformer aux recommandations de l’Oms», s’est limité à répondre Dr Amadou Sall, administrateur de l’Institut Pasteur. Qui ne manque pas de souligner que «la fermeture des frontières est une décision politique qu’il faut poser aux politiques». Ce dernier était venu hier procéder à l’ouverture officielle d’un atelier régional de trois jours de formation pour les quinze pays membres de la Cedeao sur le diagnostic du nouveau coronavirus Covid 19. En plus des pays membres de la Cedeao, on note la présence de deux pays de l’Afrique centrale, à savoir le Tchad et la Rdc, invités à participer à la rencontre.
«Le premier consiste à avoir un échange d’informations entre les différents participants et une mise à jour de la connaissance de ce virus. Dans le domaine du diagnostic, c’est une nouveauté. Ce virus est une nouveauté», indique Dr Sall. Ce dernier souligne que «le deuxième élément important est de donner une expérience pratique à l’ensemble de nos collègues de manière à faciliter la mise en place une fois dans leur pays. Et le troisième élément important est de construire tout l’écosystème de laboratoires en Afrique en discutant et en organisant les différents aspects de laboratoire, soit dans la caractérisation des risques pathogènes dans le domaine de la confirmation et des échanges qu’on peut avoir ou dans la façon de faire de la recherche autour de cette question.»
L’Institut Pasteur de Dakar a été choisi pour piloter cet atelier du fait de son expertise et l’attitude dont avait fait montre notre pays par rapport à l’Ebola qui sévissait dans certains pays en Afrique.
Après un premier atelier à Dakar, suivi d’un deuxième tenu il y a quinze jours de cela en Afrique du Sud, ce troisième atelier au Sénégal  regroupant les pays de la Cedeao relève d’une «nouvelle démarche qui consiste à préparer les pays africains bien avant que l’épidémie n’arrive», dit Dr Amadou Sall qui fait remarquer que «cette démarche s’inscrit dans une dynamique collective incluant l’Union africaine et l’Organisation mondiale de la santé (Oms) par son bureau régional en Afrique et incluant une dynamique régionale très forte en Afrique de l’Ouest portée par l’Organisa­tion ouest africaine de la santé».
«Cette dynamique vise à travailler de façon concertée à préparer les pays à cette nouvelle menace et de les doter de capacités importantes dans les cinq piliers de la réponse aux épidémies», note celui qui parle de la pertinence d’un atelier dans un contexte marqué par une évolution dans les quinze derniers jours de l’épidémie qui s’est propagée en Europe et dans d’autres pays en Asie à un moment où un premier cas confirmé a été détecté en Afrique.
«Cette première étape est d’autant plus importante», selon Dr Sall, «qu’elle permet de déclencher les autres éléments que sont la prévention, le contrôle de l’infection et la communication, le volet de la prise en charge et de la surveillance».
Représentant du directeur de l’Organisation ouest africaine de la santé (Ooas), Dr Abdou­rahmane Sow a souligné que le Dg de l’Ooas se réjouit que Dakar abrite ce deuxième atelier qui est d’une importance capitale, dans la mesure où «les pays africains devraient travailler main dans la main pour préparer notre région à mieux faire face à l’épidémie de coronavirus».
«L’objectif de cet atelier est non seulement de les former, mais de renforcer leurs capacités de diagnostic», a dit Dr Abdourahmane Sow avant d’attirer l’attention sur le fait que cette rencontre «va faciliter la détection et la collaboration entre les pays de la Cedeao».