Le Sénégal qui a lancé son premier satellite poursuit sa conquête de l’espace.Par Justin GOMIS – 

Le Sénégal veut poursuivre sa conquête spatiale. C’est le sens du 9e symposium Afrique Géo organisé depuis mardi à Dakar. Cette rencontre, qui a réuni des experts du monde entier, vise à préserver l’environnement en utilisant les données spatiales, qui contribuent aussi au développement économique. «Ce symposium va donner du contenu et du sens pour répondre aux aspirations des communautés», a déclaré le Pr Cheikh Mbow. L’objectif «est de montrer, au-delà des discussions, que le Sénégal ambitionne vraiment d’être présent sur l’échiquier du spatial et est en mesure d’abriter ce genre d’événement», a indiqué, pour sa part, Marame Kaïré.
Selon lui, il s’agit de voir, à travers ce forum, «comment nous partons des données pour aller à l’impact. Comment faire en sorte que l’usage même des satellites puisse impacter le quotidien des populations, changer notre mode de vie et aider les gouvernants, donc les Etats, à disposer d’outils de monitoring qui leur permettent de surveiller ce qui se passe au niveau de leur territoire». Pour lui, «cela permettra tout simplement à ce que les solutions qui sont débattues ici puissent aider à mieux gérer ces situations de crise auxquelles nous sommes confrontés à cause des changements climatiques dont on parle très souvent». Ainsi, les présentations qui auront lieu au cours de ces deux jours, permettront  d’échanger sur les bonnes pratiques des données satellitaires. «Les thématiques sont très variées. Le premier panel pour lequel nous aurons l’honneur d’assurer la modération, permettra de présenter ce qui se fait de mieux en Afrique du Sud, au Kenya, ici au Sénégal. Ce qui est solutionné au Kenya peut aider par exemple le Sénégal à solutionner d’autres problèmes. Nous sommes tous les deux des pays qui sont face à l’océan, d’un côté l’Océan indien et ici, l’Océan atlantique. De notre côté, des pays comme l’Afrique du Sud, qui bénéficient d’une grande expérience vont également partager leurs réalisations qui permettront à d’autres pays qui débutent dans le spatial de pouvoir tirer pleinement profit de cela. Donc, ce sont des échanges de bonnes pratiques. Mais au-delà de ça, ce sont des interactions avec le public», a-t-il dit.
En fait, la participation des scientifiques à ces échanges leur permettra d’apporter des contributions qui permettront de retenir des solutions. «L’objectif, c’est de ressortir avec des solutions pour que l’Afrique du Sud puisse dire par rapport à tel enjeu, voilà les solutions que nous préconisons pour les Etats. Et ça permettrait à chaque pays de tirer profit de ces Etats», a ajouté Maram Kairé, tout en précisant que ce qu’ils comptent faire pour le Sénégal est aussi valable pour l’Afrique et tous les pays qui se sont aujourd’hui lancés dans la course pour le spatial. «Pour le Sénégal, les enjeux stratégiques avec le leadership du Centre de suivi écologique, c’est l’environnement. Nous avons 700 kilomètres de côtes qui subissent cette agression des vagues, et l’érosion côtière est une réalité. Comment nous allons faire pour pouvoir solutionner cette question ? Ce sera au cœur des débats. Comment nous allons faire pour sauvegarder nos forêts, là où il y a de plus en plus de coupes illégales ? La surveillance maritime, également, est une priorité, et nous, au niveau de l’Ases, nous sommes en train de travailler déjà sur la constellation de satellites qui permettra, dans un premier temps, de gérer cet aspect surveillance maritime. Le Sénégal a des plateformes de pétrole et de gaz, il faut les surveiller. La pêche illégale est une réalité. Tout ça, ce sont des choses sur lesquelles le spatial va apporter une réponse, et c’est dans ces discussions que nous tirons profit des meilleures propositions», a-t-il fait savoir.
Mais les défis que traverse l’Afrique sont encore nombreux dont les principaux restent la technologie, la formation et les infrastructures. «Le principal défi, c’est la maîtrise technologique. Tout ce que nous abordons aujourd’hui, quand il s’agit de mettre en orbite des satellites, c’est de la technologie. Quand il s’agit de collecter les données et de les exploiter, c’est de la technologie. Quand il s’agit de les transformer en services, ce sont des plateformes et des applications, et c’est de la technologie. Donc, maîtriser la technologie, savoir faire nous-mêmes, ça passe par deux points. Le premier point, ce sont les infrastructures. Il faut qu’on dispose d’infrastructures ici, au niveau local. Si nous formons des jeunes et que, derrière, ils aillent à l’étranger et qu’ils restent là-bas, ça n’a pas d’intérêt pour nous. Il faut que l’Afrique dispose d’infrastructures pour tous les dispositifs nécessaires pour le spatial. Et le deuxième point, c’est le capital humain. Il faut qu’on arrive à former des ressources compétentes, et ça, ça appelle au transfert de compétences. Je parlerai également de transfert de technologie, que ce que les gens font de meilleur dans le spatial, qu’on puisse le faire ici, sur le continent africain. Si on relève ce défi, on est bien positionnés pour notre développement», a-t-il ajouté.
Au sortir de cette rencontre, il est attendu une feuille de route pour solutionner les problèmes auxquels les communautés font face, surtout par rapport à l’aspect climat.
justin@lequotidien.sn